Édito

CinExpé, c’est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd’hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles. C’est un rendez-vous vivant puisqu’il est chaque fois porté, par les artistes et créatrices elles-mêmes, par des passionné.es critiques…


Scènes de ski avec Franz Klammer de Bogdan Dziworski

1980 | Pologne / Autriche | 20 min | VOSTFR

Un portrait du célèbre skieurautrichien de la fin des années soixante-dix, Franz Klammer. Scènes de bûcheronnage, images de grandes chutes, sauts dans un opéra,plongeons. Le cinéaste s’éloigne des normes formelles du cinéma documentaire. Chaque séquence est explicitement mise en scène : le film désigne de manière comique sa propre fabrication dans une scène burlesque où Franz Klammer est filmé sur la neige. Le cinéaste joue avec certains aspects kitsch de la culture autrichienne, se concentrant davantage sur l’iconographie qui entoure le personnage de Franz Klammer que sur la cohérence de la réalité; le film est néanmoins une allégorie hautement expressive et singulière.


La chamelle blanche de Xavier Christiaens

2006 | France | 52 min

« Et si, revenant de son voyage dans le temps, Ulysse n’avait retrouvé du monde et de sa vie que des bribes indéchiffrables, des pièces rompues, des paysages mouvants et sombres, des souvenirs griffus comme des échardes ? C’est à peine si sa propre chambre lui est restée familière, avec sa télévision toujours allumée, la cuisinière, la fenêtre, et puis sa femme qui dort. Tout autour s’est organisé un désordre troublant où les yeux et les oreilles semblent toujours en attente, comme prisonniers de ces fragments d’un réel si tenace, obtus, incontournable et cependant mensonger, fuyant, opaque.

Alors sans doute, le spectateur de La Chamelle blanche pressent ce qu’être « étranger au monde » veut dire, comme poids de solitude sans doute, mais aussi comme tension de découverte, comme envie de retrouver son passé, comme désir de trouver une place viable. Peu de choses pourtant viendront à son secours. Un camion s’enfonce dans le paysage comme un bateau dans la mer. Une femme en robe à fleurs se baigne dans une mer de sang. Un enfant nous regarde de ses yeux étonnés. Il y a sur le sol, la carcasse tordue d’une étrange machine soviétique. Xavier Christiaens aura inventé là une nouvelle façon de se souvenir, de remonter le temps par à-coups singuliers, par lames de fond, par « apparitions » négatives, ravalant le passé comme une chanson que l’on dirait à l’envers. Et sans doute y a-t-il dans son film quelque chose d’un peu monstrueux. C’est là le fait de toutes les œuvres fortes, qui ne laissent pas le spectateur en repos. Mais quelle récompense aussi, lorsqu’au détour de ce chemin abrupt apparaissent régulièrement des moments d’une grâce dont on n’aurait pas même osé rêver. Il y a dans La Chamelle blanche des « apparitions » comme on en voit peu au cinéma. »

Olivier Smolders
Parcours du film
• Prix Awards Prix de la Scam Belgique au Festival Filmer à tout prix, Bruxelles, Belgique Prize SCAM (Belgian Society of filmmakers)
• Mention spéciale au Festival Visions Du Réel, Nyon, Suisse
• Mention spéciale au Festival International du Film de Jeonju, Corée

Xavier Christiaens

xavier Cinéaste autodidacte belge, vivant à Bruxelles, Xavier Christiaens est né en 1963, et après avoir été acteur, auteur de théâtre et assistant (entre autres pour Bruno Dumont), il réalise des films en vidéo depuis 2003. Inventeur obstiné de formes plastiques, son œuvre se situe à la lisière des genres et des pratiques : concevant ses films en toute liberté (et avec une indépendance et une autonomie rigoureuses, sans compromis), il développe une exigence de chaque image, et s’approche des théories et des trouvailles des cinéastes avant-gardistes. Créateur sans limite, il orchestre les différents points d’accroche qu’il développe dans ses films : l’écriture, le cadrage, le montage, la création sonore, la réalisation (sa compagne Sandrine Blaise Accompagnant ses créations). Leurs films relèvent le défi du programme proposé par Jean Epstein en 1946 quand il écrit dans son texte Intelligence d’une machine : « Le cinématographe nous introduit dans l’irréalité de l’espace-temps. »


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Séance au prix libre. Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui semble bienvenu.

L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


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