Édito

 

 

Connaissez-vous la chanson Pirate Jenny? Cette chanson épique est tumultueuse, c’est Nina Simone qui en marque au fer blanc l’histoire dans un live irréel au Carnegie Hall de New York, en 1964. Pendant 6 minutes et 37 secondes, ce n’est plus Simone que l’on entend, mais une voix rauque et hargneuse qui s’étale sur le théâtre. Pirate Jenny, ménagère dans une auberge du port, marmonne dans son coin que les patrons, et tous ceux qui la sous-estiment, ne paient rien pour attendre. Son bateau pirate – le Black Freighter- arrive, et bientôt, bientôt, elle se révèlera au monde, elle et sa flotte de bandits pour tout dézinguer…

Vous l’avez donc compris, matelot.e.s et plongeur.euse.s, le départ vers le large est imminent. Cap sur les quotidiens et les luttes des travailleuses de la mer. Destination inconnue: on s’intéressera aux ports, aux quais, aux traversées, à ce qui se trame sous la coque d’un bateau, sur son pont, mais sûrement pas à une destination quelconque. Peut-être si l’on se sent curieux, quelques questions sur le chemin. Comment en arrive-t-on à travailler en mer, au-dessus ou en-dessous, à côté ou sur ses quais? Qui sont les personnes qui y travaillent? Et la fameuse question à un million de dollars: où sont elles, les femmes dans les films de mer, ceux de Cousteau, de Spielberg et de Besson?

Partant de ces questionnements, cette programmation a été élaborée avec pour ambition, avant tout, de fouiller dans les films pour y trouver des traces de travailleuses en mer. Travailleuses, un terme qui a mis du temps à être reconnu comme un statut professionnel, on lui a longtemps préféré celui de “femmes de”: statut qui ne rémunère pas vraiment. Travailleuses, celles qui sont devenues capitaines et qui grossissent encore leur voix pour se faire respecter sur des bateaux remplis d’hommes. Celles qui, au cadre, filment plongeurs et requins dans des reportages sensationnels. Plongeuse réalisatrice. Pêcheuses menacées par des pirates. Pêcheuses qui réalisent le pas-si-simple exploit d’avoir un bateau, une place dans un port, et de composer avec une dégradation fulgurante des fonds marins et ce, en Bretagne, comme dans le golfe persique. Il y aura aussi, des mamies qui pêchent en apnée, une mamie gouine (Barbara Hammer !!) qui les filme. Une sirène russe au lyricisme marqué. Une gamine qui parle aux poissons, un papi plongeur mélancolique, et des trieuses de poisson en grève et en colère.

Alors on ne dézinguera peut-être pas tout de suite les ports du monde entier comme le ferait Jenny, mais on explorera un peu l’hybridité des autres marin.e.s, et leurs presque pirates, et on aura au moins vu autre chose que Le(s) Dents Du Grand Monde Bleu-Silence De La Mer.

Le film Pêcheuse sera accompagné par sa réalisatrice, Gabrielle Lefeuvre.

Le film Polaris sera accompagné par sa réalisatrice, Ainara Vera via zoom.

Fadoua Boudelal

Toutes les séances du cycle

 

 


Toutes les séances de Imaginaires documentaires

 

 

de à
Planifié Les cycles cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte