Édito

 

Mal vu mal dit prend des nouvelles du « cinéma muet ». De ce cinéma « pauvre », qui n’a ni la couleur, ni la parole, qui n’a que les yeux. De ce cinéma qui a pourtant su nous donner à voir et à entendre quelque chose que nous n’avions jamais vu ni entendu.

Tous les films que nous proposerons seront projetés dans le silence. Comme l’écrivait Jean Louis Schefer à son égard :

« Le cinéma, même muet, n’a jamais pu être un cinéma silencieux. C’est plus entièrement un cinéma pris dans le chuchotement (les cartons, par exemple, lus à voix basse aux enfants au cours de projections). Et par ce silence chuchoté dans les premières images, un retour de cette poussière en nous, de cette lumière, de ces corps gris ; comme si un enfant, assis en nous, tenait encore notre main. »

Une programmation proposée par Simon Gaillot et Olivier Geli.


L’empreinte du passé (The Road to Yesterday)

Cecil B. DeMille | 1925 | États-Unis | 1h47

Si l’on remonte la ligne de programmation qu’emprunte Mal vu mal dit, on peut y voir – en parallèle d’une petite cartographie du cinéma muet – une vraie histoire de l’infirmité. Ici, le nœud du récit se cristallise autour du bras de Ken, en écharpe, rongé par un mal incurable, mais L’Empreinte du passé de Cecil B. DeMille pousse le vice un peu plus loin. Le film entier paraît malade, il clopine, mais ne sait même plus où il a mal. Bipartite, cet objet qui épouse une ligne narrative impossible ne s’en trouve que plus intriguant tant il semble suivre une logique folle, insensée, jusqu’à sa fin en apothéose. La première partie fait office de cheval de Troie tout rapiécé, hybride et un peu mollasson. On ne sait pas où la situer. On passe du drame bourgeois à la mélancolie noire et surannée au film expressionniste forcé, en passant par la screwball, le tout combiné avec des épisodes de métempsycose. Luc Moullet, ayant remis ce film – et DeMille – au goût du jour (pour l’instant avec un maigre succès), le soulignait déjà : si dans sa première partie le film tombe dans un faux rythme, ce n’est que pour mieux faire croire à la frénésie du spectacle final, atteignant presque l’abstraction par surenchère d’actions. Grand puzzle temporel, frôlant parfois le ridicule (pour notre plaisir!), chaque pièce semble avoir une absolue nécessité sans que – même après plusieurs visions – on ne sache entendre comment le tout tient ensemble.

 


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


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