Jeudi 13 février 2025 · 20h00


Édito

 

 

 


DOUBLE VISION : EXCAVATION

Cartographier, excaver. Deux gestes qui semblent indéfectiblement liés dans un programme qui propose quatre façons de revenir au territoire et au paysage, d’interroger la façon dont l’image les fixe, que ce soit par des photographies coloniales, du pixel, googles maps ou en jetant l’incertitude sur ce qui est perçu.Territoire parlé avec Khabur à partir du point de vue de statues spoliées (comme un geste précis et ferme, annonciateur de Dahomey de Mati Diop). Nafiseh Fathollahzadeh aborde la photographie et l’archéologie comme deux disciplines issues de l’entreprise coloniale. Territoire comme espace de confluence mémorielle : dans Detours while speaking of monsters, Deniz Şimşek construit une triple conversation dans laquelle les lieux se dessinent au fur et à mesure que sont rappelés des profondeurs souvenirs intimes et mythes ancestraux arméniens et kurdes. Lever la mémoire, la réinscrire dans le plan ou interroger son absence. Le Parc du Canada, destination touristique, est un parc s’étendant sur plus 70 hectares en Cisjordanie occupée par Israël. Razan Al Salah dans un geste souverain et expérimental met à jour l’effacement progressif de la Palestine tel que cartographié sur Google Maps. Enfin, Colosse, comme un écho morbide aux pixels de Canada Park, nous ouvre à une vision hallucinée d’un monde numérique comme dernier espace de conquête où les chevaux s’effondrent, symbole de la pulsion de mort des appétits guerriers.

Mapping, excavating. Two gestures that seem inextricably linked in a program that proposes four ways of returning to territory and landscape, of questioning the way images fix them, whether through colonial photographs, pixels, googles maps or by casting uncertainty on what is perceived.Territoire parlé with Khabur from the point of view of despoiled statues (like a precise and firm gesture, foreshadowing Mati Diop’s Dahomey). Nafiseh Fathollahzadeh approaches photography and archaeology as two disciplines stemming from the colonial enterprise. Territory as a space of memory confluence: in Detours while speaking of monsters, Deniz Şimşek constructs a triple conversation in which places take shape as intimate memories and ancestral Armenian and Kurdish myths are recalled from the depths. Raising the memory, reinscribing it in the plan or questioning its absence. Canada Park, a tourist destination, is a national park stretching over 70 hectares in the Israeli-occupied West Bank. Razan Al Salah’ souverain and experimental gestures reveal the progressive erasure of Palestine as mapped on Google Maps. Finally, Colosse, like a morbid echo of the pixels of Canada Park, opens us up to a hallucinatory vision of a digital world as the last landscape of conquest, where horses collapse as a symbol of the death drive of warlike appetites.


Khabur

de Nafiseh Fathollahzadeh | 2023 | Allemagne, Iran | 30 min

Le Khabur est le plus long affluent de l’Euphrate, un fleuve transfrontalier traversant la frontière entre la Turquie et le nord-est de la Syrie. La crise climatique, les périodes de sécheresse prolongées, la guerre en cours, l’embargo, les politiques de l’eau et la construction de barrages de l’autre côté de la frontière par l’État turc sont parmi les raisons qui contribuent à l’assèchement de la rivière Khabur et à la crise de l’eau dans la région.


Canada Park

de Razan Al Salah | 2019 | Palestine, Canada | 8 min

Google Maps, Wikipédia et des photographies coloniales du début du XXe siècle fournissent la matière de cette techno-méditation captivante sur le statut de la Palestine et la notion de « Terre sainte ».


Detours while speaking of monsters

de Deniz Şimşek | 2024 | Allemagne, Turquie | 18 min

Un monstre aquatique vieux de 4 000 ans est rendu invisible dans la Turquie actuelle. Son mythe remonte aux ancêtres des Arméniens et des Kurdes autour du lac de Van, région qui a été témoin du nettoyage ethnique des deux peuples. Cependant, le monstre reste quelque peu vivant dans les récits des habitants, résistant totalement à l’oubli. Dans ce paysage bleu, à la croisée des univers mythologiques, politiques et personnels, se cachent différentes formes d’effacement. Pendant ce temps, les vieux dieux sont en colère contre nous, et je suis en colère contre mon père.


Colosse

de Samy Benammar | 2021 | 13 min

Il ne reste plus qu’un cheval face au flot numérique, mais la tempête se fait de plus en plus forte. Nous avons peut-être déjà abattu les colosses. L’histoire d’un effondrement.
Hommage à Malcolm Le Grice et Brian Eno réalisé dans le jeu vidéo Red Dead Redemption II.


Nafiseh Fathollahzadeh

Nafiseh Fathollahzadeh est artiste et chercheur·euse d’Iran basé·e à Berlin. Iel travaille à l’intersection de la recherche artistique, de l’art vidéo et de la photographie. Au cours des années académiques 2020-22, iel a été chercheur·euse associé·e dans le programme académique de la Fondation Rosa Luxemburg sur l’autoritarisme et les contre-stratégies et est affilié.e à l’EUME au Forum Transregionale Studien à Berlin. Iel est directeur·rice artistique et co-éditeur·rice de Momentography of a failure, une plateforme de recherche artistique et urbaine multidisciplinaire pour la pensée collaborative, les collaborations artistiques, la cartographie numérique et la publication. En 2019, Fathollahzadeh a reçu un prix de la Deutsche Gesellschaft für Photographie pour leur projet Momentography of a failure. Iel a été lauréat·e d’une bourse internationale du DAAD pour les artistes.
Samy Benammar
Samy Benammar est un artiste et critique de cinéma résidant à Montréal. Son travail d’écriture et de réalisation se pense comme une expérimentation autour d’enjeux sociopolitiques hérités de ses origines algériennes et ouvrières. Il a notamment réalisé kaua’i’o’o (2023), Peugeot pulmonaire (2021) et sous-ex (2022). Ses films, présentés dans des festivals au Canada et à l’international, sont distribués par Winnipeg Film Group, Vidéographe et CFMDC. Ses textes peuvent notamment être lus dans les revues Hors Champs, 24 images et Panorama cinéma. Il effectue en parallèle, un doctorat en recherche et création sur la photographie coloniale dans la Wilaya de Batna en Algérie.

DOUBLE VISION
Est un appel et une réponse,
Le cinéma et son écho,
Un phénomène dans lequel l’enregistrement du monde est projeté en retour sur lui-même,
C’est une nouvelle série de projections mensuelles.
DOUBLE VISION est proposée dans le cadre d’une double programmation mensuelle qui associe des œuvres cinématographiques radicales, transformatrices et visionnaires à leur propre miroir. Avec des essais critiques, des programmes de films et de vidéos sélectionnés, des cinéastes internationaux invités et des films tirés de l’histoire riche et complexe de l’anthropologie visuelle et du cinéma expérimental, DOUBLE VISION cherche à tracer une ligne d’influence émotionnelle, politique, viscérale et critique entre ce qui est ressenti, ce qui est vu, ce qui est connu et ce qui peut être compris.
DOUBLE VISION est présenté avec le soutien du ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS) et en partenariat avec La Fabrique des écritures ethnographiques (FÉE).
ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS)  La Fabrique des écritures ethnographiques
*DOUBLE VISION
is a call-and-response
is cinema and its echo
is a phenomenon in which the recording of the world is projected back on itself
is a new monthly screening series
*DOUBLE VISION
is offered in a monthly program that takes radical, transformative and visionary works of cinema and pairs them with their mirror selves. Featuring critical essays, curated film / video programs, visiting international filmmakers and focusing on films drawn from the rich and complicated histor/ies of visual anthropology and experimental cinema, DOUBLE VISION looks to draw an emotional, political, visceral and critical line of influence between what is felt, what is seen, what is known and what can be understood.
*DOUBLE VISION
is presented with the support of ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS)in partnership with La Fabrique des écritures ethnographique (FÉE)

Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


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