Édito

 

Partir loin, découvrir d’autres espaces, d’autres cultures, désapprendre son propre monde et s’ouvrir à l’inconnu. Accueillir les étonnements nés de l’ailleurs pour regarder avec d’autres yeux, se transformer si profondément que des images surgissent, faites d’émotions et de rythmes jusqu’ici étrangers à soi. S’imprégner avec bonheur de cette étrangeté pour faire advenir un artiste nouveau.

Robert Cahen, grand voyageur, part en Chine et ramène en sept visions fugitives des bribes de cet extrême orient si peu familier. Il en esquisse des paysages brumeux, estompés, des hommes et des femmes qui retournent le regard de la caméra portée sur eux, comme une interrogation renvoyée, des rythmes lents et troublés, des traces persistantes de mouvements maintenus en un attachement tenace. Lenteur du dévoilement, espace en apesanteur et temps distendu, la caméra de Robert Cahen nous renvoie une vision chinoise bien loin des stéréotypes convenus. 

La caméra de Patrick Bokanowski tressaille sous le scintillement d’une plage au soleil déclinant. Des enfants et des chiens courent dans les éclaboussures de l’écume des vagues. Vaste espace apaisé où les explosions de la lumière battent à l’unisson des émotions visuelles devant tant de saturation vibrionnante. Patrick Bokanowski réinvente un monde où la lumière partage son règne avec l’ombre… et ce monde est celui du cinéma. Photons granuleux en perpétuel combat avec la nuit, rencontre indispensable à la naissance d’un film. Bokanowski est, peut-être, le cinéaste qui a le mieux dévoilé l’éclosion d’un film dans la danse fluide d’une lutte immatérielle.

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7 visions fugitives

Robert Cahen | 1995 | France | 32 min

« L’éphémère fascine, il vient quelquefois réveiller une blessure et parle d’une certaine vérité » – Jo Attié.

C’est dans l’idée du passage où, pour moi, quelque chose de l’essentiel se noue, que s’écriront en images, sept courts poèmes, visions fugitives d’une Chine entr’aperçue, entrevue, entre entendue, toujours en mouvement. 

La Chine des vélocipédistes, des porteuses d’eau, des mendiants, des écoliers en col mao, conçue en sept tableaux dans une écriture vidéographique qui étire le temps, se joue des apparitions, recrée les paysages. C’est le passage de l’image fixe à l’image en mouvement, le moment où tout bascule d’une impression dans une autre, ce fameux ralenti qui caractérise une partie de mon travail et qui est à la fois mouvement et presque immobilité…

Robert Cahen

Battements solaires

Patrick Bokanowski | 2008 | France | 18 min | 35mm

Marche vers le feu. Dans un flot incessant de lumière, personnages, paysages et objets nous entraînent vers des régions mystérieuses.


Nation of Masks

Patrice Sanchez | 2018 | France | 6 min

Un film sans paroles, une fenêtre qui s’ouvre sur un monde méconnu : les esprits sacrés de Casamance (Sénégal) qui représentent l’esprit de la forêt. Redoutés par les habitants du village, ils gèrent les conflits, protègent des maladies, des sécheresses et invoquent la pluie pour obtenir la fécondité. Ils ne font pas partie d’un folklore festif ou touristique, mais appartiennent à la vie du village. Investis des pouvoirs surnaturels transmis par les masques, personne ne sait – à l’exception de quelques membres de ces sociétés secrètes – qui se cache derrière eux.


Robert Cahen

 

Figure majeure dans le domaine de la création vidéo, issu des frontières entre les arts, artiste vidéo, réalisateur et compositeur de formation, Robert Cahen est un pionnier dans l’utilisation des instruments électroniques.

Après des études de composition en musique concrète au Service de la Recherche de l’ORTF (avec entre autres Michel Chion), diplômé du CNSM de Paris (classe Pierre Schaeffer) en 1971, il devient compositeur du Groupe de Recherches Musicales de l’ORTF et poursuit expérimentation et création dans les domaines du son mais aussi de l’image. Il s’oriente vers le médium de la vidéo dès 1970, appliquant les expérimentations techniques et linguistiques de la musique concrète.

Le travail de Robert Cahen est reconnaissable à sa manière de traiter le ralenti, à sa façon d’explorer le son en relation avec l’image pour construire son univers poétique. Il multiplie les effets de glissement, d’altération du mouvement, de contraction et de dilatation du temps – procédés qui lui permettent d’explorer la métaphore du passage, la mémoire d’images qui viennent et disparaissent, d’interroger le temps qui passe.

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Patrick Bokanowski

 

patrick-bokanowskiCinéaste et plasticien français, né en 1943, Patrick Bokanowski développe un travail entre les genres cinématographiques traditionnels : court-métrage, cinéma expérimental, animation. Sa manière de traiter le matériau filmique situe sa recherche à la frontière des arts optiques et plastiques, dans un « entre-deux » toujours à créer. Patrick Bokanowski s’oppose à l’idée que le cinéma doive — ce serait là son essence — reproduire la réalité : à savoir nos habitudes de penser et de sentir. Ses films contredisent l’ « objectivité » photographique à quoi est solidement arrimé l’essentiel de la production cinématographique mondiale. Les expérimentations de Bokanowski, en vue d’ouvrir le cinéma à d’autres possibilités expressives — par exemple le « gauchissement » des lentilles des objectifs (il préfère le terme de « subjectifs ») —, témoignent de visions purement mentales qui ignorent les représentations conventionnelles, affectent la réalité, la métamorphosent, offrant ainsi au spectateur de ses films de nouvelles aventures perceptives.

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Patrice Sanchez

 

Le YouTube de Patrice Sanchez : https://www.youtube.com/@patatosanchez243


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


Toutes les séances du cycle

 

 

On the Road | La quête poétique
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Un faux roman sur la vie d'Arthur Rimbaud de Florence Pazzottu | 2021 | France | 58 min

On the Road | Ailleurs
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

7 visions fugitives de Robert Cahen | 1995 | France | 32 min

Battements solaires de Patrick Bokanowski | 2008 | France | 18 min | 35mm

Nation of Masks de Patrice Sanchez | 2018 | France | 6 min

On the Road | Painting Road
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Fuji de Robert Breer | 1973 | États-Unis | 8 min | 16mm

Just in Time de Kirsten Winter | 1999 | Allemagne | 9 min | 35mm

Chronographies de Jean-Michel Bouhours | 1982 | France | 17 min | 16mm

Carte noire de Michaela Grill | 2014 | Autriche | 2 min

Disquiet de SJ Ramir | 2011 | Nouvelle-Zélande | 2 min

Erosion 12 ; a walk de Collectif Los ingravidos | 2019 | Mexique | 8 min

Après le feu de Jacques Perconte | 2010 | France | 7 min

On the Road | Les grands espaces
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Makimono de Werner Neckes | 1974 | Allemagne | 38 min | 16mm

The West de Steina et Woody Vasulka | 1983 | États-Unis | 30 min

On the Road | Errances mélancoliques
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Pictures of the Lost World de Klaus Wyborny | 1975 | Allemagne | 47 min | 16mm

On the Road | Le temps, l'histoire et la mémoire
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Reminiscences of a Journey to Lithuania de Jonas Mekas | 1972 | Lituanie | 1h18 | 16mm

Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte