Jeudi 24 avril 2025 · 20h30


Édito

 

Cher·e·s ami·e·s,
Le printemps est là, les fleurs éclosent, et DOUBLE VISION est fier·e de vous présenter une exploration en deux volets des possibilités de la possession en tant qu’événement audiovisuel, grâce à Sun Ra (en collaboration avec Phil Niblock) et au zima songhaï (en collaboration avec Jean Rouch), le tout accueilli dans la chambre spirituelle connue collectivement sous le nom de Videodrome2.
Puisque le cinéma est un vecteur de transformation, ce programme est fier·e d’être votre conducteur·rice vers l’incarnation. Rejoignez-nous et retrouvez-vous enfin !

DOUBLE VISION : SUR LA POSSESSION

Chacun des deux films présentés dans ce programme envisage la performance comme une cérémonie, une collision entre le temps et l’espace dans laquelle la caméra agit comme un médium capable de transmettre la frénésie de la musique live sous forme de flux spirituel.
Dans The Magic Sun, film 16mm en noir et blanc à fort contraste réalisé par le musicien (et cinéaste) Phil Niblock, en collaboration audiovisuelle avec le Sun Ra Arkestra (alors basé à New York), l’énergie cinétique croissante de ce collectif de jazz d’avant-garde – le plus influent de notre époque (et de notre espace) – est directement traduite en une masse négative de mouvements d’une richesse de détails presque impossible à saisir. Alors que les 13 membres de l’Arkestra jouent de leurs 13 instruments dans une chorégraphie de communication interstellaire, la caméra de Niblock donne à voir le son comme un événement simultané – une transmission, une transformation.
Sachant que ce film est sorti seulement six ans avant l’achèvement de Horendi par le célèbre ethnographe français Jean Rouch, on peut imaginer que l’audio-vision radicale de Niblock a traversé l’Atlantique pour se loger dans l’inconscient de Rouch, préparant ainsi une exploration inédite des possibilités de la transe filmée comme forme de possession spirituelle.  Horendi (qui signifie « faire une cérémonie » ou « faire danser ») ne contient ni voix off ni intertitres, laissant le contexte du film reposer entièrement sur la réception corporelle des événements montrés : un festival de sept jours durant lequel des femmes songhaï apprennent une danse rituelle destinée à les libérer des esprits malveillants qui les habitent.
À l’image de The Divine Horsemen de Maya Deren (1954), Horendi trouve son sujet dans le mouvement à travers le temps – un temps perçu comme mutable, relatif, et tout englobant.
 Ainsi, le rituel songhaï d’Afrique de l’Ouest trouve ses racines dans un concert de Sun Ra des années 60, son reflet onirique dans une rave britannique des années 90 (comme en témoigne la compilation vidéo Fiorucci Made Me Hardcore de Marc Leckey, 1999), et son incarnation inévitable en vous (cher·e·s spectateur·rice·s)…

*O Friends,
Spring is upon us, the flowers are blooming and DOUBLE VISION is proud to present a two-part inquiry into the possibilities of possession as an audiovisual event, courtesy of Sun Ra (in collaboration with Phil Niblock) and the Songhai zima (in collaboration with Jean Rouch), housed in the spirit chamber collectively known as Videodrome2 .  Inasmuch as cinema is a vehicle for transformation, this program is proud to be your driver into embodiment.  Join us and find yourselves, at last!

DOUBLE VISION : ON POSSESSION

Each of the two films presented in this program treats performance as ceremony, as a collision between time and space in which the camera serves as the medium by which the frenzy of live music can be received as the transmission of spirit.
In The Magic Sun, a 16mm hi-contrast black and white film made by the musician (and filmmaker) Phil Niblock in AV collaboration with the then-NY-based Sun Ra Arkestra, the increasing kinetic energy of the most important avant-garde jazz collective of our time (and space) is directly translated into a negative mass of impossibly detailed movement.  As the 13 members of the Arkestra perform their 13 instruments in a choreography of interstellar communication, Niblock’s camera produces a vision of sound as a simultaneous event – a transmission, a transformation.
Given that this film was released just 6 years before famed French ethnographer Jean Rouch’s Horendi was completed, we can only assume that Niblock’s radical audio-vision found its way across the Atlantic and submerged itself into Rouch’s subconscious self, setting the stage for an uncharacteristic inquiry into the possibilities of trance documentation to become a kind of spirit possession unto itself.  Rouch’s Horendi (which means « to put on a ceremony » or « to make dance ») is bereft of voice-over or title-card, leaving the context of the film to rest in the somatic reception of the events depicted: a seven-day festival in which Songhay women are taught to dance a ritual that will eventually free them of the malevolent spirits that have possessed them. 
Like Maya Deren’s The Divine Horsemen (1954), Horendi finds its subject in movement through time, the latter of which is understood to be mutable, relative, all-consuming. In this manner, the west African Songhay ritual finds its foundation in a 1960s Sun Ra concert, its dream reflection in a 1990s British rave (as seen in Marc Leckey’s 1999 video compilation Fiorucci Made Me Hardcore) and its inevitable embodiment in you (dear viewer)…


The Magic Sun

de Phill Niblock | 1966 | États-Unis | 16 min

Sun Ra et son Solar Arkestra filmés à New York au milieu des années 1960 par le compositeur minimaliste et photographe Phill Niblock. Ce montage expérimental en noir et blanc alternant les gros plans sur les mains et les bouches des musiciens, inversés ensuite en négatif, est accompagné d’une bande-son originale de la musique de l’ensemble. Abstractions et avant-gardes.


Horendi

de Jean Rouch | 1972 | France | 1h09

Pendant sept jours, dans la cour de la concession du prêtre Zima Sambo, à Niamey, se déroule le Horendi, au cours duquel sont recrutés les « chevaux des génies ». Deux jeunes femmes malades depuis plusieurs semaines sont initiées à la danse de possession. Les batteurs de calebasse jouent tous les airs des génies et chantent leurs devises. Les jeunes femmes apprennent la danse rituelle par laquelle la transe se provoque et se maîtrise. Les leçons de danse se succèdent, entrecoupées par des pauses dans la case de retraite pour les initiées. Les trois mouvements principaux sont : Le tour de la concession, la danse particulière et secouer la tête. Au septième jour, les « chevaux » reçoivent les vêtements rituels correspondant aux génies qui les possèdent.


DOUBLE VISION
Est un appel et une réponse,
Le cinéma et son écho,
Un phénomène dans lequel l’enregistrement du monde est projeté en retour sur lui-même,
C’est une nouvelle série de projections mensuelles.
DOUBLE VISION est proposée dans le cadre d’une double programmation mensuelle qui associe des œuvres cinématographiques radicales, transformatrices et visionnaires à leur propre miroir. Avec des essais critiques, des programmes de films et de vidéos sélectionnés, des cinéastes internationaux invités et des films tirés de l’histoire riche et complexe de l’anthropologie visuelle et du cinéma expérimental, DOUBLE VISION cherche à tracer une ligne d’influence émotionnelle, politique, viscérale et critique entre ce qui est ressenti, ce qui est vu, ce qui est connu et ce qui peut être compris.
DOUBLE VISION est présenté avec le soutien du ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS) et en partenariat avec La Fabrique des écritures ethnographiques (FÉE).
ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS)  La Fabrique des écritures ethnographiques
*DOUBLE VISION
is a call-and-response
is cinema and its echo
is a phenomenon in which the recording of the world is projected back on itself
is a new monthly screening series
*DOUBLE VISION
is offered in a monthly program that takes radical, transformative and visionary works of cinema and pairs them with their mirror selves. Featuring critical essays, curated film / video programs, visiting international filmmakers and focusing on films drawn from the rich and complicated histor/ies of visual anthropology and experimental cinema, DOUBLE VISION looks to draw an emotional, political, visceral and critical line of influence between what is felt, what is seen, what is known and what can be understood.
*DOUBLE VISION
is presented with the support of ANFAA A*Midex Research Group (AMU/IDEAS)in partnership with La Fabrique des écritures ethnographique (FÉE)

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