Édito

 

 

En écho à la deuxième édition du festival Mémoire des Sexualités, qui se tiendra du 3 au 8 décembre 2024 au Videodrome  2, j’ai fouillé dans le vidéoclub pour voir si nous avions nous aussi des artefacts qui ressemblent de près ou de loin à des archives queer filmées. Le vidéoclub vous propose donc ici une sélection de dix documentaires et films qui explorent les thèmes de l’identité de genre, de la sexualité et des luttes qui leur sont corrélées, toujours à travers l’idée de l’intime comme un enjeu politique, à l’instar du deuxième film de Virginie Despentes, Mutantes (Féminisme Porno Punk) (2009). Ce document revient sur l’histoire du féminisme porno punk depuis les années 1970 autour de plusieurs actrices du mouvement post porn, et à travers des extraits de performances et de films, des interviews d’artistes d’activistes queer et des archives de luttes de travailleuses du sexe.

Aussi, qui dit queerness et cinéma, dit questions de représentation et de visibilité. Le documentaire The Celluloid Closet (Rob Epstein et Jeffrey Friedman, 1995) retrace l’histoire de la manière dont les personnes LGBTQIA+ ont été montré, interprété et présenté par les productions hollywoodiennes. Une réévaluation historique essentielle pour une communauté longtemps marginalisée et réduite aux stéréotypes par les studios de cinéma. Un des co-auteurs de ce film, Rob Epstein, a également signé un portrait d’Harvey Milk (The Times of Harvey Milk, 1984), célèbre politicien et activiste pour les droits des personnes homosexuelles. Même si ce document est absent des étagères de notre vidéoclub, celui-ci est toutefois riche d’autres portraits filmés tel que celui d’Indianara Siqueira (Indianara, Marcelo Barbosa et Aude Chevalier-Beaumel, 2019), militante trans brésilienne très impliqué dans les luttes au Brésil. À la fois élue municipale et ouvreuse de squat à Rio, elle est interdite de séjour en France où elle a aussi purgé une peine de prison pour « proxénétisme aggravé » à cause de son activité de travailleuse du sexe. Ensuite, le documentaire Portrait of Jason de Shirley Clarke (1967) revient sur la vie de Jason Holliday à travers un long monologue autobiographique où le performeur et prostitué gay afro-américain interroge les notions de réalité et de fiction à travers l’interprétation des personnages d’une vie partiellement inventée. Enfin, Bambi de Sébastian Lishfitz (2013) retrace la vie de Marie-Pierre Pruvot alias Bambi, meneuse de revue et performeuse emblématique des cabarets parisiens des années 50-60, puis professeure des écoles à Garges-Lès-Gonesse. De plus, j’ai longtemps hésité à ajouter I’m not your negro (2016) sur le poète James Baldwin, écrivain et activiste gay afro- américain, car le documentaire de Raoul Peck est systématiquement critiqué pour l’absence de discours sur le positionnement intersectionnel de Baldwin, un comble pour un militant qui luttait pour la reconnaissance d’une expérience et d’une esthétique gay noir américaine. Mais sachez qu’il est disponible à la location vidéoclub si vous voulez constater l’écueil du réalisateur par vous-même.

Ces portraits de vies engagées ouvrent la voie à une autre dimension potentielle du parcours queer : celle du coming-out, basculement intime et social, traité par au moins deux films de cette sélection de DVDs. Le premier est un journal filmé du réalisateur Rémi Lange qui documente son propre coming-out auprès de sa famille dans Omelette (nez-de-pied) (1993) un film devenu culte au sein de la communauté gay des années 90. Le second, Virgin Machine (1988), prend une forme un peu différente car il s’agit d’un long-métrage de fiction qui se rapproche en réalité plus du récit initiatique lesbien d’une allemande à San Francisco. Sa réalisatrice, Monika Treut, est considéré à l’instar de Gregg Araki, Cheryl Dunye et tant d’autres comme une figure incontournable du New Queer Cinema. Le prochain film appartient aussi à ce mouvement et c’est également un film culte lesbien des années 90 mais je l’ai mis dans la liste parce qu’il n’est pas si facile à trouver en streaming. Go fish (1994), film pionnier de Rose Troche, est une queer love story dans le chicago des 90’s. Love story comme la romance des deux protagonistes Max et Ely, mais aussi comme le love de la chosen family, montrant pour la première fois à l’écran des lesbiennes en tant que communauté. Enfin, une autre histoire d’amour queer avec La Bocca del Lupo (Pietro Marcello, 2009), celle d’une romance stricto sensu, celle d’Enzo, un mafieux sicilien avec Mary, sa partenaire rencontrée dans une prison de Gênes. Un document hybride entre fiction et documentaire, où se mêlent des cassettes d’archives enregistrées par Mary pour Enzo quand il était en prison, à des plans plus contemplatifs des ruelles génoises où se déroule l’action.

Élise

La sélection DVD de décembre 2024



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