Édito
Dans la droite ligne de la place laissée au cinéma expérimental dans sa programmation, Videodrome 2 accueille depuis 2015, à l’occasion des séances Acousmodrome, toutes sortes d’expérimentateurs sonores, en premier lieu desquels les élèves des classes d’électroacoustique du Conservatoire de Marseille et de la Cité de la Musique.
Le rendez-vous Les Pratiques Sonores
Les « PRATIQUES SONORES » sont une série de 5 séances, qui se dérouleront le 3ème mardi soir du mois au V2, à partir de 20h30, à raison d’une séance tous les deux mois jusqu’en juin. (exception pour le 11 février). Elles seront l’occasion de faire l’expérience d’une écoute collective en trois dimensions.
Dans la série des « Pratiques sonores » vous pourrez entendre des œuvres électroacoustiques et d’art sonore qui interrogent notre réception et qui proposent d’élargir les catégories esthétiques existantes.
Nous avons été sensibles aux démarches « cherchantes » de compositrices et de compositeurs.
Parfois, il s’agit de questionner le matériau, sa provenance, de s’intéresser à des sons laissés pour compte ou de rechercher le « presque rien » ; par ailleurs d’expérimenter la coupure, l’interruption du flux sonore favorisé par l’électrification, de travailler par soustraction, effacer du support d’enregistrement ou bien encore de produire des travaux qui ne feront pas école mais qui marquent leur temps parce qu’ils se situent à la frontière des genres.
En considérant le corps dans l’expérience musicale, ces expérimentations questionnent les conditions, le contexte et la signification de l’écoute et de la composition. À travers ces partis pris, les pièces que nous allons vous faire entendre traverse les époques et les frontières spatiales.
Carte blanche à Pascal Gobin
Pierre Schaeffer aimait à rappeler qu’à l’origine de la musique concrète se trouvaient deux expériences : celle de la cloche coupée et celle du sillon fermé , et qu’on peut résumer ainsi : l’attaque d’un son percussif supprimée par l’enregistrement rend le son méconnaissable, une «boucle» répète un son identique à lui-même à l’infini, faisant apparaître un phénomène sonore qui existe «en soi, sans être le son de quelque chose.
De ces deux expériences, on peut retenir l’émerveillement et le questionnement en face d’un phénomène sonore étrange et inattendu, produit d’une manière fortuite par un dispositif d’enregistrement.
Cette séance propose un cheminement autour du plaisir du jeu sonore, qui ne s’oppose pas à l’idée de la création de formes, mais qui l’aborde juste un peu différemment, à partir du faire pourrait-on dire.
Ce programme est très éclectique, nous sommes parfois dans le domaine du bricolage et le zig-zag m’a semblé plus adapté que la ligne droite.
Beaucoup parmi les pièces choisies sont très brèves.
Un souhait : celui de chercher le sens du geste créateur, sa force, son énergie, son contexte, et d’accepter que chacune des œuvres n’est pas juste un «produit fini».
Première partie | 41 min
L’humeur m’attend de Paul Régnier | 7’55
Paul Régnier, 31 ans, élève depuis deux ans au conservatoire de Pantin en classe de musique électroacoustique sous la direction de Marco Marini et Jonathan Prager.Egalement graphiste dans le dessin animé depuis sept ans, diplômé de l’EMCA en 2017.
Jazzex de Bernard Parmegiani | 17’
Bernard Parmegiani l’un des musiciens-compositeurs les plus marquants dans le domaine de la musique, électroacoustique. Longtemps membre du GRM, il a composé des œuvres qui sont et sans doute resteront parmi les plus importantes du répertoire de la musique électroacoustique, dont par exemple De Natura Sonorum.
Entre Tempos (Primeira Revolução) de Tiago Correia-Paulo | 5’22
Tiago Correia-Paulo est né à la fin des années 70 à Maputo, au Mozambique. Il a « perdu »beaucoup de temps à étudier l’économie du développement et la gestion des ressources humaines en Afrique du Sud, pour découvrir qu’il voulait devenir musicien. Basé à Johannesburg, il monte quelques groupes, enregistre des albums, et monte des tournées. Il commence à travailler seul sur des musiques de films et d’autres expériences musicales. Il relie ce travail avec le design, l’illustration et l’édition, et plonge à fond dans la réalisation de films. Il fait actuellement partie de plusieurs projets musicaux, a son propre projet électronique en solo, a construit un studio où il travaille avec d’autres artistes et les produit. Il passe une bonne partie de son temps à travailler sur des musiques de films et des ambiances sonores pour un large éventail d’artistes et de projets.
https://1000000.bandcamp.com
Jazz Bande Free sons de Lucie Prod’homme | 4’26
Compositrice, aventurière de l’écoute, Lucie Prod’homme explore le son de l’intérieur, joue de son énergie, sonde les minuscules palpitations de la matière sonnante et nous incite à écouter. Qu’elle étudie l’immobilité ou l’agitation extrême, le silence ou le bruissement, le paisible ou l’effervescence tumultueuse, sa préoccupation reste la même ; induire une attitude perceptive intense en composant aussi l’écoute de l’auditeur, l’exhortant à tendre une oreille attentive et engagée, comme en témoigne, entre autres, son cycle Leçon du silence [Label Motus]. Lucie Prod’homme est professeure de composition électroacoustique et instrumentale au Conservatoire à Rayonnement Régional Perpignan-Méditerranée, où elle coordonne le département Composition, création sonore et improvisation.
https://lucieprodhomme.fr/
We came this way to know the evening de Hsia Yu et Yan Jun (extrait de 7 poems and some Tinitus) | 4’55
Hisa Yu est une poète itinérante et polymorphe. Elle a vécu de nombreuses années en Europe et partage aujourd’hui sa vie entre Paris et Taipei. Depuis la parution de ses premiers poèmes dans le début des années 1980, Hsia Yu n’a cessé de repousser les frontières de la poésie de son temps, tant au niveau de sa forme que de la langue. (source : éditions Circé). Yan Jun est un poète et musicien chinois vivant à Pékin. Cofondateur du collectif Sub Jam en 1998 et du label Kwanyin Records en 2004, il est l’un des animateurs les plus actifs de la scène expérimentale chinoise contemporaine. Son œuvre revisite les héritages d’une génération qui a fouillé les décombres et les surplus des productions industrielles occidentales chez les brocanteurs des marchés chinois. C’est ainsi qu’il a fabriqué un univers poétique et musical aux recyclages inventifs, riches d’expérimentations multiples, créant une forme de critique subtile, fragile et drôle, des mondes contemporains. (source : éditions Van Dieren).
Bidule en Ut de Pierre Schaeffer | 2’09
Pierre Schaeffer, et souvent cité comme étant « l’inventeur » de la musique concrète avec Pierre-Henry. Même si le terme « d’inventeur » d’une musique n’a pas beaucoup de sens, il faut lui reconnaître d’avoir eu l’intuition de cette pratique musicale « concrète », d’avoir su réunir autour de lui une équipe de compositeurs et d’avoir trouvé les moyens pour développer cette pratique musicale au sein de la Radio française (RTF devenue Radio France) et son fondement théorique dans le livre, le Traité des objets musicaux. En marge de cette recherche savante, on peut remarquer que ces « bricoleurs de son » savaient aussi s’amuser.
Deuxième partie | 37 min
Cousin Mosquito de Congress-Woman Malinda Jackson Parker | 7’54
Extrait de la compilation collectée par Irwin Chusid : Songs in the Key of Z. (extrait de la jaquette)
« Excentrique et adorable, qui évoque un mélange paradisiaque de Nina Simone et Lucia Pamela, la regrettée « Ma Parker » était membre de la Chambre des représentants du Liberia pendant l‘administration du président William V. S. Tubman. Parker, étourdie mais élégante, chantait des chansons folkloriques revisitées et abordait les préoccupations culturelles avec un style libre, à moitié chanté, à moitié raconté, tout en tapant sans pitié sur un piano à queue. L’album contient des odes au lait de vache de brousse, aux propensions des moustiques à propager des maladies et aux bienfaits des palmiers. Sur « Cousin Mosquito #1 », elle prononce le mot « cousin » 204 fois dans les 3 minutes et 27 secondes de la chanson. Parker avait une certaine richesse indépendante, était, selon les rapports, gentille, généreuse et aimée, habillée de façon flamboyante et n’était jamais sans un sac de bonbons à offrir aux enfants ».
Bilude de Pierre Schaeffer | 2’17
D’après le prélude en Ut mineur de JS Bach
The Laughing Cavalier de Cosmic Dennis Greenidge | 1’27
Artiste britannique, Cosmic Dennis Greenidge réalise ses bandes- son à partir de cassettes audio mises en boucle sur lesquelles il chante de manière souvent très enjouée.
Poème électronique d’Edgar Varèse | 8’07
À l’origine, la pièce créée pour le pavillon Philips (imaginé par Le Corbusier) de l’exposition universelle de Bruxelles de 1958 a été jouée sur 400 haut-parleurs. Elle a été réalisée dans les studios Philips à Eindhoven, au Pays-Bas et Varèse disait d’elle que c’est une « charge contre l’inquisition sous toutes ces formes ».
And now these objects will move by themselves de Hsia Yu et Yan Jun (extrait de 7 poems and some Tinitus ) | 4’12
Hisa Yu est une poète itinérante et polymorphe. Elle a vécu de nombreuses années en Europe et partage aujourd’hui sa vie entre Paris et Taipei. Depuis la parution de ses premiers poèmes dans le début des années 1980, Hsia Yu n’a cessé de repousser les frontières de la poésie de son temps, tant au niveau de sa forme que de la langue. (source : éditions Circé). Yan Jun est un poète et musicien chinois vivant à Pékin. Cofondateur du collectif Sub Jam en 1998 et du label Kwanyin Records en 2004, il est l’un des animateurs les plus actifs de la scène expérimentale chinoise contemporaine. Son œuvre revisite les héritages d’une génération qui a fouillé les décombres et les surplus des productions industrielles occidentales chez les brocanteurs des marchés chinois. C’est ainsi qu’il a fabriqué un univers poétique et musical aux recyclages inventifs, riches d’expérimentations multiples, créant une forme de critique subtile, fragile et drôle, des mondes contemporains. (source : éditions Van Dieren).
Mandolin de Morton Subotnick | 7’02
L’un des fondateurs du San Francisco Tape Music Center en 1962. Il a été l’un des premiers compositeurs à travailler avec le concepteur d’instruments électroniques Don Buchla. Mandoline précède de quatre ans, son œuvre, sans doute la plus connue Silver Apples of the Moon.
Belgie de Wild Classical Music Ensemble | 2’12
Extrait de la jaquette du disque : « Cette musique n’est ni une musique contemporaine ni populaire, elle ne peut être étiquetée comme subversive, marginale, pas plus que d’avant-garde. Elle est juste la fantaisie et l’émotion de cinq musiciens directement transposée dans le son et les couleurs ». Le Wild Classical Music Ensemble est un groupe où des personnes ayant un retard mental collaborent avec des artistes du circuit traditionnel. À la différence d’autres musiques de ce programme. Cette œuvre n’est pas composée sur support. Elle est le résultat d’un enregistrement live.
Kotic Mix de Laurant Adam | 4’42
Cette composition est extraite d’un disque (Bôkan) réalisé dans le cadre d’ateliers musicaux à l’institut la Porte ouverte (Blicquy, Leuze en Hainaut). Chacun des participants, accompagné par Benjamin Boufioux, musicien professionnel, ont pu s’essayer à divers instruments, au micro… pour tenter une véritable aventure sonore expérimentale qui a duré plusieurs mois.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.