Le programme cinématographique de Traits d’union.s présente une sélection de films réalisés ou sélectionnés par des participants de la biennale.  Nombre d’entre eux travaillent vidéo et performance, mais inscrivent leur travail dans des pratiques collectives et militantes. Si de nombreux films ont finalement été un refuge durant la pandémie, la salle de cinéma permet cette expérience collective qu’on appelle cinéma. Manifesta 13 Marseille collabore ainsi avec Videodrome 2 pour présenter des œuvres de James Benning, Dennis Cooper & Zac Farley et Trinh T. Minh-ha ainsi qu’une programmation commissionnée par Tuan Andrew Nguyen et le Center for Creative Ecologies.

La deuxième session est consacrée aux films de Dennis Cooper et Zac Farley. Leurs films dépeignent les émotions dans leurs aspects les plus confus et inexprimables. L’art de Zac Farley et l’écriture de Dennis Cooper partagent un intérêt pour les émotions ineffables et l’idée que la confusion est une sorte de vérité. Depuis plus de trente ans, l’écriture de Dennis Cooper articule des l’incommunicable au désir et à la mort à travers la fiction. Dennis Cooper et Zac Farley travaillent ensemble autour de la création de personnages de fiction transparents et un langage simple mais profond.

Dennis Cooper est un écrivain américain né en 1953 qui participe également à l’exposition Traits d’union.s de Manifesta 13 Marseille, et Zac Farley est un artiste franco-américain né en 1988.

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Permanent Green Light

de Dennis Cooper & Zac Farley, 2018, 1h31, VOSTFR

Avec Zac Farley, le romancier culte Dennis Cooper traite à nouveau du désespoir adolescent, mais sans sa coutumière violence sexuelle.

Roman, à peine vingt ans, a envie « d’exploser ». Il n’est pas suicidaire. Il ne souscrit à aucune idéologie. Il ne s’intéresse pas au « paradis » et n’a pas envie de s’y rendre. Il ne voudrait pas que les gens, par erreur, interprètent l’explosion comme étant sa mort.


« Désolé, je suis entré dans une nouvelle phase : j’ai décidé de penser et de parler comme si j’étais une chose plutôt que moi-même », annonce Roman (Benjamin Sulpice) à la 70e minute de Permanent Green Light, comme pour nous donner la clé, non seulement de son acte, mais du film dans son ensemble. Une ode à la réification : cela ne surprendra pas les lecteurs de Dennis Cooper, l’un des plus grands écrivains vivants (Salopes, Closer, Guide ou Un type immonde, entre autres de ses livres traduits de l’américain, méritent plus qu’une parenthèse), qui a réalisé avec l’artiste Zac Farley deux longs métrages de fiction, dont celui qui sort aujourd’hui en salles, succédant au plus clandestin Like Cattle Towards Glow (2016).

Le film est en français, et se déroule dans un espace périurbain d’aspect universel, fait d’allées, de jardins et de garages, prélevé dans n’importe quelle partie du monde sous le capitalisme tardif : un monde où les vieux immeubles s’écroulent et où les ados rêvent de suicide et d’explosions. Si c’est le «style» qu’il faudrait évoquer avant toute chose, ce serait en ayant à l’esprit qu’il s’agit d’un film sur le style, qui prendrait cette notion pour seul sujet, ou plutôt, dans un monde de l’absence de sujet, pour objet – peut-être un trait commun aux films d’écrivains devenus cinéastes, sans vouloir comparer ici Cooper à Duras, Beckett ou Cocteau, eux-mêmes et entre eux incomparables.

Si le style, dans Permanent Green Light, est d’évidence bressonien, il se trouve que Cooper n’a jamais caché l’influence de Robert Bresson sur sa vie et sur son travail, jusqu’à écrire en 2000 un des meilleurs textes jamais consacrés au cinéaste, responsable de «l’idée que le style d’une œuvre d’art pouvait incarner une sorte de pragmatisme qui, s’il était suffisamment rigoureux et s’appliquait à un sujet suffisamment fort, éliminait la nécessité au sein de l’œuvre d’un point de vue philosophique et moral explicite». Mais il faut le citer plus avant, lorsqu’il évoque l’échec du contrôle exercé par le cinéaste sur le jeu de ses «modèles» : «Leurs émotions résonnent, en dépit des minutieux efforts de ce dernier pour les faire se déplacer et parler comme s’ils n’en éprouvaient aucune. Le fait que les acteurs, contrairement à tout autre aspect des films de Bresson, soient mus par un sentiment personnel, attire l’attention presque par défaut et crée une relation avec le spectateur si intime qu’elle est quasi insupportable dans ses restrictions esthétiques.»

C’est cette dialectique de l’émotion et de la restriction qui est aussi à l’œuvre dans le film de Cooper et Farley, où les personnages, esquissés par de bons acteurs, s’émeuvent au sein de la forme minérale, aussi dure que transparente, qui est le sujet du film. Quelque chose résiste au fait de penser et parler comme une chose, à quoi enjoint pourtant tout ce qui les entoure, et c’est cette chose, qui résiste au style, que Permanent Green Light cherche, comme Bresson et contre lui, sur les visages de ses tendres modèles.

Article de Luc Chessel sur Libération

Bande-annonce


L’équipe artistique de Manifesta 13 Marseille, composée de Katerina Chuchalina, conservatrice en chef de la Fondation V-A-C, Moscou, Stefan Kalmár directeur de l’ICA, Londres et Alya Sebti, directrice de l’ifa gallery, Berlin, est heureuse d’annoncer les 46 participant·e·s de Traits d’union.s, l’exposition centrale de la biennale, ainsi que les différents chapitres qui la composent : La Maison, Le Refuge, L’Hospice, Le Port, Le Parc et L’École qui ouvriront progressivement, les uns après les autres, entre le 28 août et le 9 octobre 2020. L’intégralité de l’exposition sera visible du 9 octobre jusqu’au 29 novembre 2020.
L’équipe artistique de Manifesta 13 Marseille déclare :
« Marseille est marquée par les transitions : lieu d’arrivées et de départs continus, à la fois échappatoire et sanctuaire. Mais Marseille est aussi l’incarnation de résistances car souvent le théâtre de moments uniques de tensions fécondes. Marseille est une ville exceptionnelle au sein de la matrice européenne puisqu’irrésolue – une ville en perpétuel mouvement, tournoyant autour de multiples centres, aussi bien historiques qu’informels. Ses innombrables histoires, biographies et anecdotes donnent forme à ses multiples existences. Marseille résiste à toute tentative de catégorisation, sa singularité résidant dans son identité hétérogène. »
Traits d’union.s propose de forger de nouvelles alliances, pratiquer de nouvelles formes de vivre-ensemble en travaillant avec, au sein et au travers d’institutions déjà existantes à Marseille. En imprégnant ces espaces existants de voix différentes, l’équipe artistique souhaite déployer, dans l’enceinte de ces institutions mais aussi à l’extérieur, le champ des possibles, en suivant le fil de leurs récits ; afin d’y proposer un autre rapport au public, qui soit peut-être plus ouvert, plus perméable, voire plus vulnérable, et plus à même de répondre aux défis du XXIe siècle.

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Nous souhaitons que le cinéma demeure accessible à toutes et tous. Nous souhaitons pouvoir porter la singularité de notre modèle de diffusion non commercial.
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Présentation du travail littéraire de Dennis Cooper et son dernier roman Zac's Drug Binge.


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