Du 30 mai au 2 juin puis du 20 au 25 juin 2017, le Videodrome 2 vous invite à découvrir (ou a redécouvrir) l’œuvre d’Alain Tanner dans un voyage au long cours au sein de sa filmographie.

 
De jeune homme en colère à rêveur errant, l’œuvre de Tanner se découpe, se croise entre deux chemins bien distincts. Il y a d’abord la voie politique, homme engagé, il dépeint mai 68 en réalisant avec Claude Goretta un documentaire de 45 minutes en plein cœur de la révolte, sur les bancs de l’Odéon et dans les usines occupées. Sur les braises de la contestation il réalise Charles mort ou vif, film d’une fraicheur libertaire qui incarnera la lancée du “nouveau cinéma suisse” et, plus important encore, il fonde aux côtés de Jean-Louis Roy, Claude Goretta, Michel Soutter et Jean-Jacques Lagrange le Groupe 5, association de cinéastes genevois indépendants qui marquera au fer rouge l’engagement politique perturbateur de ce nouveau cinéma. Vient ensuite son premier grand succès, La Salamandre, où la révolte est encore là, présente à travers le personnage qu’interprète Bulle Ogier, une ouvrière effrontée qui n’accepte pas son travail à la chaîne dans une usine de saucisses. N’oublions pas Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000, où huit personnages se croisent en refusant le capitalisme et les contraintes de la vie quotidienne, et Les années lumières, film tourné en Irlande et où, de nouveau, le personnage principal fuit un boulot absurde vers des ailleurs plus libres.

 
Puis vient le second moment, poétique, esthétique du cinéma d’Alain Tanner fondé sur une terre sans histoire, ce non-lieu qu’incarne cette Suisse que le réalisateur n’arrive pas à emporter avec lui dans ses voyages. L’âme helvétique ne marque ni le Portugal de Dans la ville blanche ou de Requiem, ni même l’Andalousie de L’homme qui a perdu son ombre. Elle est là, neutre, comme une ombre, comme un fantôme que Tanner s’obstine tout de même à comprendre, à déceler, que l’on désire quitter mais qui retient tendrement prisonnier : ainsi vivent les amants du Retour d’Afrique, pris au piège de leur envie d’escapade en Algérie. Encore une fois c’est un soixante-huitard en crise qui est représenté : Vincent est amoureux de la poésie d’Aimé Cesaire et fatigué de sa vie genevoise et de ses amis bobos et pédants, son seul compère un peu humain est un espagnol, qui lui évoque cette idée de beauté lointaine… d’escapade.

 
Dans sa jeunesse et avant d’être cinéaste, Tanner fut marin (écrivain de bord pour être exact) et c’est ce goût du large, de la fuite que l’on retrouve injecté dans les veines qui fonde son cinéma. Alain Tanner est un cinéaste voyageur mais aussi un voyageur immobile et un exilé à lui-même comme le fut Fernando Pessoa, homme aux nombreux hétéronymes, écrivain de l’intranquillité et des voyages qui n’a jamais quitté sa Lisbonne natale après son enfance en Afrique du sud. L’écrivain est au cœur du Requiem de Tanner, inspiré du roman éponyme d’Antonio Tabucchi, film hallucinatoire où le fantôme de Pessoa vogue du Tage aux freguesias de la capitale.

 
Et il y a parfois le retour, cette stagnance au pays, cette immobilité : avec No man’s Land, La Vallée Fantôme ou le petit dernier, Paul s’en va où Tanner se mue en professeur, philosophe et chef de file d’une troupe de 17 élèves-comédiens. De nouveau, le fantôme de mai 68 apparaît et regarde cette nouvelle génération qui se nourrit d’internet, de grandes surfaces et de téléréalité, et, comme le titre le laisse entendre, Paul disparaît dès le début du film… À croire qu’il n’y a pas d’autres possibilités que la fuite pour les personnages tanneriens, en recherche constante de liberté, d’indépendance, d’un besoin de vivre et non pas de lutter pour survivre, résistants face au réel.

 


Le programme du cycle

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Videodrome 2
49 Cours Julien
13006 Marseille

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Les tarifs des séances cinéma

Adhésion annuelle indispensable
à partir de 3€

5€ la séance
2€ pour les moins de 14 ans
2€ pour les séances jeune public

La carte 10 séances + adhésion annuelle
45€

Ouverture de la billetterie 30 minutes avant le début de chaque séance

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