Traqué (The Hunted)

20h30 Le film est précédé d’une présentation d’Olivier Puech

Traqué (The Hunted)

de William Friedkin , 2003, USA, 1h34, VOSTFR

L.T. Bonham, ex-entraîneur des Forces Spéciales, vit retiré dans une forêt de l’Oregon jusqu’au jour où le FBI lui demande son aide sur une affaire de meurtres. Les victimes ont été tuées à l’arme blanche, d’une manière qui suggère un rituel. A la vue des photos des victimes, L.T. a le sentiment que ces assassinats ont été commis par Aaron Hallam, un de ses anciens élèves, le meilleur et le plus dangereux…

N’ayant que faire de signer aux yeux de certains un film froid et sans scénario, Friedkin minimise les dialogues, survole ou esquisse les personnages, transcendant par son style sec un film à l’odeur de série B où l’on retrouve ses thèmes de prédilection : l’homme damné, enfermé dans son ambivalence, cherchant une place dans un monde qui lui est naturellement et socialement hostile. Il transpose et détourne l’épisode de la tentation d’Abraham et du sacrifice de son fils Isaac en s’employant à développer le thème de la chasse comme processus primitif et nécessaire d’apprentissage et de socialisation. Un thème qu’il expose pendant 90 minutes comme un leitmotiv présent dans chaque séquence, chaque plan. On suit un homme, on tente d’imaginer son parcours. On le détecte, on ne peut jamais relâcher l’attention. Il faut être attentif au moindre signe. Il faut ouvrir tous les percepts. Tout ce qui peut nous indiquer une présence.

 

 

Friedkin s’attaque ainsi au devenir animal ou peut-être à l’ancêtre animal – le devenir animal serait perçu alors comme un retour au primitif – mais pas exactement, puisque la partie moderne, citadine, effectue aussi cette conversion de l’humain vers l’archaïque : l’animal-homme y trouve très vite ses repères, ses lignes de fuite, ses caches. La scène finale est en ce sens éblouissante : l’animal traqué réfugié aux confins de la ville, y ayant établi son domaine, affronte l’inspecteur. Et cet affrontement a une seule issue : faire disparaître le corps de l’autre. Le propos de Friedkin est tel : l’homme aspire au secret de l’existence, à la disparition – il n’y a que l’autre qui puisse nous révéler – réflexion magnifique, athée, débarrassée de la métaphysique ordinaire des fictions tristes. L’épreuve humaine, dans sa solitude et dans sa société, et le corps surtout, unique preuve de cette présence au monde.

Pour Hallam, chien fidèle, l’homme a un besoin vital d’humanité, alors que pour Bonham, loup solitaire et indifférent, l’homme n’est toujours qu’un animal et doit se montrer stoïque.

“Gémir, pleurer, prier, est également lâche…Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse.”
Alfred de Vigny (La Mort du Loup, 1848)

Olivier Puech


Le programme complet de la rétrospective

Friedkin Connection : une rétrospective

Du mardi 29 janvier
au dimanche 3 février 2019

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