Killer Joe de William Friedkin

20h30 Le film est présenté par Olivier Puech

Killer Joe

de William Friedkin, 2011, USA, 1h43, VOSTFR

À 22 ans, Chris, un trafiquant de drogue sans envergure, est dans une bien mauvaise passe. Il doit trouver 6000 dollars dans les plus brefs délais s’il veut sauver sa peau.
Aussi décide-t-il de faire assassiner sa mère, qui a contracté une assurance vie de 50 000 dollars. Pour exécuter le contrat proprement, Chris veut faire appel à Killer Joe, un policier qui complète ses revenus en devenant tueur à gages la nuit. Mais le professionnel veut être payé à l’avance, chose impossible pour le jeune dealer.
Lorsque Killer Joe rencontre Dottie, la très jolie soeur de Chris, il est prêt à changer d’avis et à attendre que l’assurance vie soit versée pour être payé…

 

 

Pour KILLER JOE, son dernier film a ce jour, William friedkin adapte pour la deuxième fois consécutive une pièce de Tracy Letts. Prouvant qu’il n’a que faire des bonnes manières, il attrappe le spectateur par le col pour l’entraîner dans un univers détraqué, outrancier et violent, un jeu de massacre en même temps qu’un conte de fées se déroulant chez les ploucs où le prince charmant est un tueur à gages. Le grotesque le dispute à la vulgarité la plus réjouissante dans la peinture d’une famille qui va littéralement prendre les excès de son dysfonctionnement dans la figure, en invitant dans sa vie un monstre qui est aussi paradoxalement, l’incarnation du cool.

Séduisant et très compétant, Joe va essayer de mettre de l’ordre dans ces vies chaotiques, de restaurer du rituel, du dialogue, de la compréhension et de la vérité. Il va tomber amoureux aussi…

Joe révèle une perpétuelle perméabilité au danger, aucun refuge : l’exposition des corps à la violence est perçue comme une sorte de fatalité ; cloisons minces du mobil home ou d’un motel, horizontalité du paysage, finesse des peaux d’où le sang ne demande qu’à jaillir. William Friedkin fait ainsi des États-Unis une terre condamnée aux ravages de la violence, dans le sillage d’un Samuel Fuller.

 

 

Il y a aussi beaucoup d’humour dans KILLER JOE, un humour trash qui se situe parfois du côté du dessin animé ou de la comédie italienne (Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola, 1976). C’est une série B théâtrale écrite avec la plume d’un Faulkner, la mise en scène testamentaire d’un cinéaste gigantesque et l’aboutissement de tout un casting à contre-emploi. La subversion est poussée à son comble, l’ambivalence entre visages angéliques et les plus terrifiantes horreurs alimente l’ambiguïté, marque du metteur en scène, jusqu’au chaos final où la saveur des dialogues laisse place à la dévastation et à l’odeur âpre du sang. Certaines personnes ont suggéré que Friedkin avait fait KILLER JOE en réaction au traitement habituel des grand studios hollywoodiens, c’est probablement le cas car personne n’y réaliserait un film aussi provoquant et controversé, aussi “frontal”.

L’entrée de Joe au sein de cette famille tient également de la visitation, et si l’attelage peut sembler un brin singulier, il est tentant de se tourner vers Théorème, même si contrairement au film de Pier Paolo Pasolini, l’apparition est ici « justifiée ». Comme le personnage interprété par Terence Stamp, Joe constitue un révélateur des apories existentielles, mais il agit avant tout tel l’agent d’un ordre à rétablir – le visiteur de Théorème invalide quant à lui le paradigme bourgeois d’une famille milanaise. Policier et tueur, Joe réunit en une même personne la loi et sa transgression, d’où cette morale bien à lui, passant par les voies les plus troubles et retorses.

Olivier Puech

 


Le programme complet de la rétrospective

Friedkin Connection : une rétrospective

Du mardi 29 janvier
au dimanche 3 février 2019

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