La complainte du progrès

Claudio Pazienza et Alis – 1997, France/Belgique, 5min

 

 

 

 
Ironie douce et implacable, La Complainte du progrès de Boris Vian, vue par ALIS et Claudio Pazienza, nous plonge dans un univers loufoque, où le réel dérape sans cesse dans l’incongru, l’absurde, voire l’inquiétante étrangeté. Un couple méticuleusement occupé à diverses activités (se servir un café, se raser, s’habiller, préparer le repas, laver le linge) voit son univers envahi par les assauts répétés du progrès.

Les pirouettes visuelles qui marquent les méfaits du progrès, ses conséquences fâcheuses et drôles, entraînent tout doucement vers la déliquescence finale. Tout se déglingue. Les lavabos débordent, les corps se blessent et les gestes les plus anodins retiennent toute notre attention. Et quand d’un simple coup de rouleau à pâtisserie, surgissent des lettres de couleur, on se dit que la magie fait peu cas des machines sophistiquées qui domestiquent notre réel.

Nora

David Hinton et Alla Kovgan – 2008, Grande-Bretagne/Mozambique, 35 min, VOstFR

« L’histoire de Nora est parsemée de drames mais l’idée n’était pas de les raconter d’une façon grave et dramatique mais plutôt de manière poétique. Il fallait quelque chose de vif, de rapide, quelque chose qui combine clarté et narration avec intensité. » Marie Bergeret

La danseuse Nora Chipaumire est née au Zimbabwe en 1965. Dans ce film, elle revient aux paysages de son enfance et voyage à travers les mémoires vives de sa jeunesse, interprétant par la danse les évènements phares de sa vie (le divorce de ses parents, le décès de son père, son engagement politique, l’exil).
Entre ombre et lumière, silences et bruits, images figées et mouvements saccadés, Nora reconsidère de façon originale le film de danse, qui se fait ici documentaire expérimental, voyage envoutant. La réalisation est signée par Alla Kovgan et David Hinton, dont vous aviez pu découvrir l’année dernière une autre oeuvre sublime : All this can happen.  La performance de Nora Chipaumire, d’une violence sauvage et primitive, toujours en décalage par rapport aux images à caractère anthropologique, est engagée. Au delà du corps, la danse est l’expression même du « je » mêlant identité, racines et cultures.
D’une grande sensibilité, cette biographie physique joue la carte de la distanciation par le biais de la performance et de la théâtralisation de moments précis. À l’instar de Jean Genet, l’auteur des NègresNora interroge de manière très personnelle la relation politique, économique et idéologique entre l’Afrique et l’Occident.

 

The cost of living

DV8 Physical Theatre – 2004, Grande-Bretagne, 35min, VOstFR

David et Eddie font un spectacle de rue dans une ville au bord de la mer. Nous les suivons dans leur travail, leurs discussions, leurs tentatives de drague. Si Eddie est dans la norme, Dave quant à lui n’a pas de jambes. À mi-chemin entre la chronique sociale à la Ken Loach et la danse contemporaine, ce film pose la question de notre propre estime et de notre rapport avec les autres de manière éblouissante.

Produit en 2004 pour la télévision britannique, The cost of living a été conçu parLloyd Newson – connu pour ses chorégraphies provocatrices au sein du collectif DV8 Theatre (« dévier » en français) – et ses danseurs. Ceux-ci vont du « corps extrêmement performatifs à un homme sans jambes » : David Toole, dont l’incroyable performance met au défi notre vision de la capacité et participe à la « critique de l’obsession de notre société pour l’image« . Ainsi nous l’explique Lloyd Newson :

« The cost of living parle de ces gens qui ne correspondent pas aux valeurs du marché, si l’on joue sur l’aspect financier du coût de la vie. Qu’arrive-t-il dans l’expérience de la vie ? Y perd-on sa naïveté ? Que perd-on à vivre ? Est-ce que l’expérience peut nous aider ?
La question que je me pose ici est : devient-on aussi amer et cynique que le coût de la vie ? Pour certains personnages, les plus aigris, l’important est de faire partie du club, d’être bien habillé, attirant, de réussir. Et si on ne réussit pas complètement, on peut au moins être normal. Mais qu’arrive-t-il à ceux qui ne rentrent dans aucune catégorie ?
La danse a souvent à voir avec la jeunesse, la beauté, les corps valides. Je crois que la danse est une forme géniale pour parler de ces questions. C’est un peu comme un concours de beauté, en fait un concours de beauté et un concours de force. Nous voulons savoir ce qu’il y a derrière les sourires et les corps attirants des couvertures de magazines : qui a fait de la chirurgie plastique, qui cache ses défauts. Certains ne peuvent se cacher autant que d’autres. Dans la compagnie, nous avons un danseur handicapé, ainsi qu’un danseur très gros. Et il est évident qu’ils sont, visuellement, très différents de nous. Et, qu’en est-il de ceux qui peuvent masquer leurs imperfections physiques mais pas leurs imperfections psychologiques ? Pourquoi est-il si important de leur donner cet ‘air de Prozac’ ? J’avais tendance à dire que la danse était le Prozac des formes d’art. C’est donc de cela que parle ce film : de ceux qui ne sont pas parfaits et ne peuvent y prétendre, de ceux qui ne rentrent pas dans les cases car ils ne jouent pas le jeu. »
Lloyd Newson.


 

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