Chaque année début juillet, le FIDMarseille, Festival International de Cinéma de Marseille, dirigé par Jean-Pierre Rehm, propose un programme de 130 films à près de 23 500 spectateurs, dans des cinémas, théâtres, bibliothèques, galeries d’art, amphithéâtres en plein air, à Marseille. Le festival présente un grand nombre de films en première mondiale, de premiers films, et s’impose aujourd’hui comme un gisement de nouvelles cinématographies, productions documentaires aussi bien que fictions.

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Vous trouverez ici le programme complet du FID Marseille 2021


12h15

GLI UOMINI

de Christophe Bisson, 12 min

Le Sépulcre, à Caen. Ancienne église reconvertie en lieu de recherche chorégraphique, plongée dans une pénombre que trouent quelques rayons de lumière crue. Au sol, des photomatons par centaines : des hommes, anonymes. Qui sont-ils, ou ont-ils été ? Une femme, chorégraphe, les manipule. D’abord pour les contempler, puis, de plus en plus frénétiquement, comme pour les absorber en elle : comme pour trouver toutes les différentes manières de faire corps avec eux. Les hommes, une femme : quelles modalités d’interaction de l’un et du multiple, du présent et de l’absent ?

Nathan Letoré

OB SCENA

de Paloma Orlandini Castro, 18 min

« Un utérus, deux trompes, un ovaire ». Une table, des gants en latex noirs, un manuel de sexologie. Et une boîte noire. En chercheuse pornographe, Paloma Orlandini Castro nous offre un essai sur la sexualité : dispositif quasi scientifique avec invention d’une boîte géniale d’analyse d’images pornographiques. Tandis que ses mains manient schémas et dessins, de sa voix distante, elle revient sur les moments marquants de son itinéraire sexuel et dissèque les classifications et les violences à l’oeuvre dans les images porno mainstream. Ob Scena : obscène ou face à la scène. C’est finalement en s’exposant dans la  répétition d’une performance, face au spectateur, que Paloma Orlandini Castro parvient à trouver une forme de libération.

Louise Martin-Papasian

PERCHÉS

de Guillaume Lillo, 35 min

A bord de voitures qui le prennent en stop, un jeune homme, qu’on ne verra jamais – ou à peine ? – raconte par le menu, en off, la dépression qui l’a conduit  au centre médicopsychologique. Si le récit de son existence accidentée suit un fil relativement cohérent, guidé par quelques obsessions notoires (les oiseaux et les voitures, par exemple), à l’image en revanche, c’est un montage alerte d’une succession de plans toujours sidérants et de registres extrêmement  diversifiés. Guillaume Lillo a fait le pari de cet exercice d’équilibriste – dont le générique de fin, qu’il faut guetter, révèle les vrais enjeux – et le mène tout du long avec un brio certain.

Jean-Pierre Rehm

14h00

IRE

de Valérie Massadian 6 min, VO ESP

Ire. Nom féminin : courroux, rage, fureur, indignation. Ire est le cri des femmes contre ceux qui oppressent, méprisent, tuent. Leurs yeux, cadrés serrés, fixent la caméra : elles nous regardent autant qu’elles nous obligent. Elles sont la multitude et scandent, depuis l’affirmation anaphorique d’un « Je suis », les violences que les femmes subissent. Dans ce film tourné en quatre langues, Valérie Massadian construit par le poids des mots et la force des regards un appel babélien à la résistance. De ces regards saisissants, il y a celui, brillant, de cette femme qui porte en elle celle qui n’est pas encore née, mais déjà en colère.

Louise Martin-Papasian & Claire Lasolle

ESPACIO SEGURO

d’Iván Argote, 20 min

Iván Argote associe de façon conceptuelle deux villes auxquelles il est personnellement lié : Bogota, où il est né et a grandi, et Paris, où il s’est formé en tant qu’artiste et où il réside. Il filme les inscriptions laissées sur les murs de son quartier par le collectif de femmes artistes Collages Féminicides. Au moyen de phrases courtes mais reconnaissables, elles soulignent l’omniprésence des violences faites aux femmes et des féminicides en France. En accompagnement de leurs collages, la voix de Diana Rodriguez Franco, la « Secretaria de la Mujer de Bogotá », la responsable du département Droit des femmes de la ville de Bogota, chargée de mettre en place des politiques de prévention de la violence domestique et d’aide aux victimes. Malgré la différence de langues, le film  compose une grammaire commune qui souligne la gravité de la situation et le besoin d’agir immédiatement.

Leonardo Bigazzi

ALI AUX PAYS DES MERVEILLES

de Djouhra Abouda & Alain Bonnamy, 1h00

Sous le nom de Djurjura, Djouhra Abouda débute dans les années 1970 une carrière musicale, où paroles de femmes et revendications de la culture kabyle se mêlent. Le cinéma commence pour elle avec Algérie couleurs (1970-1972) et Cinécité (1973-1974), collages kaléidoscopiques réalisés avec Alain Bonnamy dans le contexte du laboratoire expérimental de l’université de Vincennes. Ali au pays des merveilles, tourné en 16mm, est un geste plus frontal, radical et  fulgurant, militant et musical, où « toutes les images ont été filmées comme des coups de poing ». Ce film-tract virevoltant, porté par un montage sans concession, fait éclater au grand jour la condition des travailleuses et des travailleurs immigrés à Paris et alentours dans les années 1970. Un cri de colère lancé à la face de la société française, pays des merveilles où prospèrent l’exploitation et le racisme, où se perpétuent la domination et l’esprit de colonisation.

Nicolas Feodoroff

 


16h30

HAVE YOU SEEN THAT MAN ?

de Yotam Ben-David, 15 min

Un champ, la nuit. Un homme étendu mort. Les yeux écarquillés, de jeunes garçons contemplent son cadavre, leur torche illuminant la pénombre tombante. La nuit, une torche, un regard d’enfant : tout ce dont Yotam Ben-David use pour se lancer à la recherche de la vérité. Tour à tour, un garçon toque aux portes du village et demande aux femmes qui lui ouvrent si elles connaissent cet homme. Autant de réponses que de femmes, autant de registres narratifs, autant de vérités alternatives, successives, ou complémentaires. En mosaïque, les destins qui attendent un villageois : anthropologie historique d’un village en noir et flamme.

Nathan Letoré

L’HEURE DU GOÛTER

de Sara Klingemann, 46 min

Pour fêter ses 80 ans, la clinique psychiatrique de Saumery organise un colloque sur le thème de « l’intelligence traumatique. » Tout en préparant les festivités, soignés et soignants discutent ensemble, longuement, du concept. On est à deux pas de Chambord, site de l’enchanté Bas-Choeur (FID 2020).  Familière des lieux, Sarah Klingemann pose sa caméra au milieu des visages, à égale proximité des patients et de ceux qui les aident à vivre en intelligence avec leur souffrance. Ce que documente la cinéaste, davantage que les préparatifs, c’est l’élaboration commune d’une pensée vitale. Soit la pratique, libre et vivante, de la psychothérapie institutionnelle, la résistance entre ces murs de l’héritage de Jean Oury. Et si les cadres s’amusent à vaciller, si l’hommage se permet une tendre irrévérence, c’est en accord contagieux avec la douce folie qui s’autorise à animer les lieux.

Cyril Neyrat

18h30

TEMPORAL

d’Edgardo Aragon, 1h00

Sous un arbre calciné, un jeune homme frappe des ossements sur des pierres au rythme d’une musique électro crachée par une petite enceinte. Des mots écrits à l’écran agrémentent les images des étranges performances musicales qui suivent pour raconter une « brève histoire de l’agriculture millénaire au Mexique ». Si Edgardo Aragón choisit les percussions à partir d’éléments organiques, c’est pour mieux rappeler que cette histoire est celle de plantations  forcées, de pillages, de résistance au prix du sang. Mais dans le dernier quart du film, face aux images de cartes postale des rives du Pacifique, le son disparaît. A l’image de ce lagenaria ciceraria jeté à la mer depuis un avion, ce sont les souvenirs des vols de la mort qui resurgissent, en silence.

Louise Martin-Papasian

20h30

ONCLE BOONMEE, CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTERIEURES

d’Apichatpong Weerasethakul, 1h54

« Ce qui rend Oncle Boonmee si singulier, c’est que son sens de l’amalgame et de la relance sert un jeu d’échos entre le proche et le lointain, entre l’intime et le public, entre murmures secrets et rumeur du monde. Pour passer par de tels relais sensoriels, le film a besoin d’éprouver sa propre extinction, de prendre le risque d’une sous-fictionnalisation, qui incite les spectateurs à tendre l’oreille et ouvrir les yeux. En témoigne cette attention pour les lueurs, les lucioles et les « infras-sons », autant d’éléments porteurs d’une émotion inversement proportionnelle à leur intensité sonore ou lumineuse.
L’épisode de l’excursion dans la grotte, temple où Boonmee vient déposer son dernier souffle, est à ce titre un sommet d’intensité : enfoncement dans le noir, confession murmurée devant l’angoisse d’une possible cécité, heureuse et inattendue découverte d’une voûte scintillante dans les tréfonds de l’obscurité, aménagement de la chambre mortuaire, derniers souffles bercés par l’écoulement du jus de la dyalise du mourant, un son paisible qui évoque celui qu’on recueille à la naissance d’une source. Puis le lendemain, retour d’une lumière tranchante, bourdonnements solaires de la jungle qui viennent se mixer, avec le plus parfait naturel, aux lancinantes prières des obsèques arrangées comme pour un set électro : capables de relier le fil de l’atonalité à l’extase de la transe libératoire. Jamais sans doute depuis le plan-séquence final de Profession : reporter d’Antonioni, une agonie n’aura été accompagnée avec autant de  patience, transmettant par son mouvement même, une sentiment de compassion purement cinématographique, c’est-à-dire uniquement raccordé aux simples perceptions lumineuses, spatiales et surtout auditives et temporelles. »

Joachim Lepastier, Cahiers du cinéma, septembre 2010

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