Dans la continuité du cycle La révolution du désir qui a eu lieu au début du mois d’avril et en partenariat avec le collectif de cinéastes Numéro Zéro, nous vous proposons de poursuivre notre exploration du désir à travers des oeuvres cinématographiques singulières et sensibles.

C’est une rencontre. D’abord celle d’un homme et d’une femme. Un homme désirant les hommes, une femme désirante féministe.
Une rencontre de cinémas. Comment des hommes et des femmes comme nous s’emparent du cinéma pour exprimer leur relation au désir ?
Comment dire le désir et pour entendre quoi ?
L’expression du désir nous parle de notre rapport au monde face aux modèles sociaux et culturels dominants.
Désir d’aimer et d’être aimé, désir de posséder, de maîtriser, désir de perdre, de retrouver, de se fondre, de renoncer, désir de vivre, de vibrer, désir de liberté, désir de grandir, désir de jouir,…
Ce désir est multiple. Il ne va pas de soi. Il s’explore à chaque instant et bouge avec le temps.


Cosmic Ass
de Marilou Poncin et Fannie Sosa – 2015, France, 15 min, documentaire VOstFR

Dans ce documentaire Fannie Sosa analyse la pratique du Twerk, en abordant des thèmes tels que le féminisme et la spiritualité.

 » Délibérément kitsch, entre mélange d’interviews, de voyage astral new age et de clips filmés à la webcam, la vidéo Cosmic Ass de l’artiste Marilou Poncin (finaliste des InrocKs Lab cette année) fait découvrir pour certains, reconnaître pour d’autres, le personnage de Fannie Sosa. Plongez dans les dessous du twerk.
La jeune argentine n’est pas une inconnue de la scène parisienne. Il y a quelques années, elle organisait des twerkshops dans lesquels elle apprenait aux participants, hommes et femmes, à se déhancher. Elle y diffusait également la philosophie qu’elle dit vouloir véhiculer à travers cette danse : Je twerke pour me souvenir. Je twerke pour résister.

Artiste, activiste, guérisseuse, Sosa poursuit entre autres un doctorat sur le twerk : ses origines, son histoire et son potentiel décolonisateur du corps féminin — du regard masculin, mais plus précisément du “regard blanc et de la société patriarcale” selon ses mots. Elle prône le déhanché comme outil de la redécouverte du corps et de ses mouvements, et d’une sensualité libérée puisque réappropriée (twerker pour soi et non pour le regard des autres).

Sosa attribue à cette danse des origines de rituel de la fertilité (twerker pour se “souvenir” de ce passé ritualiste), et des capacités avortives (l’usage agressif des muscles pelviens éviterait que l’ovule ne se niche dans l’utérus). Bref, le twerk aujourd’hui, serait à l’intersection de bon nombre de questions épineuses, de couleur de peau et de sexe, notamment.(…) »
> Lire la suite de l’article d’Ana sur Barbieturix

 

:: Extrait de l’entretien avec Marilou Poncin réalisé par Hanna Hess pour les Inrocks

Comment as-tu rencontré Fannie Sosa ?

Je me suis inscrite à un « twerkshop » qu’elle animait, pour apprendre à twerker. J’avais déjà en tête, avant de m’y rendre, l’idée de faire une vidéo sur Fannie car je me doutais que c’était un personnage intéressant. J’ai été surtout surprise par l’aspect féministe de l’atelier : parmi les participantes, beaucoup étaient motivées par un engagement politique ou étaient en quête d’une identité féminine.

Cosmic Ass est-il ton premier format documentaire ?

Je fais des choses très variées, que ce soit de la photographie ou de la vidéo. Avant Cosmic Ass, j’ai réalisé aussi bien des clips que des vidéos contemplatives. Ce qui est central dans mon travail, c’est l’idée du fantasme ou de fantasmagorie. J’essaye toujours d’échapper à la réalité. Mes photos construisent une atmosphère étrange, un univers mystérieux, parfois merveilleux.

Cosmic Ass est donc en effet mon premier documentaire, mais c’est un format hybride, un peu ovni. Je devais respecter le travail de Fannie tout en trouvant ma propre place. Le film est un manifeste qui explique le paradoxe entre féminisme et twerk. Il s’est finalement construit au montage, comme un collage géant, avec des natures d’images différentes : des archives des performances de Fannie, des extraits de vidéos trouvées sur internet et des séquences d’un entretien tourné en studio.

 

 

Amara
de Claudia Mollese – 2015, Italie, 58 min, documentaire VOstFR

En présence de la réalisatrice Claudia Mollese

Un voyage sur les traces d’un personnage emblématique de la ville de Lecce, capitale Baroque du soleil, dans le sud de l’Italie, nous mène dans les profondeurs d’une ville invisible, abritant rituels de dévotion et de transgression.
Mara est une transsexuelle, dont la vie empreinte de luxure, de poésie, de générosité et de violence, fit scandale. Prostitution, prison, sagesse de la rue, attachement à l’argent, appartements loués tour à tour aux défavorisés ou à prix exorbitants, mort en solitude puis auteur d’un testament d’ampleur discuté : autant de facettes de sa vie…
À tracer le portrait de Mara sont les voix de ceux qui l’ont connue et qui ont croisé leurs existences à la sienne. La voix rauque de Lola, amie et ennemie de Mara, celle sensuelle de Principessa qui travail dans un « boudoir » que lui appartenait, celle émue d’Anna collègue et confident, celle lucide de Vanda.
Les signes d’un passé caché émergent. Une ville nouvelle fourmillante fait surface et s’offre à nous sur les frontières instables et mouvantes des mémoires, des affirmations publiques et des désirs cachés.

 

Claudia MOLLESE est née en 1983 à Lecce. Après des études en sciences sociales en Italie et en France et un master en anthropologie obtenu à l’EHSS à Paris, elle suit des formations en relation avec la réalisation de documentaires et elle s’intéresse aux arts plastiques.
Après « Amara », qui est son premier film, elle participe à l’animation de plusieurs ateliers cinématographiques et en 2015 elle réalise aussi le court-métrage intitulé « 25x25x50 ».

 


Numéro Zéro oeuvre au décloisonnement de toutes formes de cinéma en lien à la recherche infinie de ce peuple qui manque*. De la production à la mise-en-place de lieux de cinéma là où il n’y est pas, Numéro Zéro s’attache à croiser les expériences et à inventer de nouvelles formes de co-réalisations. Numéro zéro est un peu le niveau zéro du cinéma selon Eustache, son équation première : pour faire un film, il suffit d’une personne qui raconte une histoire à une autre.

Numéro Zéro fête cette année ces 10 ans et vous invite à voir des films en un cycle de programmation qui touchera à des questionnements liés en vrac et en désordre, au désir, à l’habiter, à Fernand Deligny, à une overdose d’amour, à Alger en 69, à la revue marocaine Souffle…

L’un-e dit « Nous ne saurions dire pourquoi », ce auquel l’autre répond:
« Pour le plaisir de voir et d’entendre ce que chacun-e-s pensent avoir perçu d’un monde, d’un univers.
Pour le désir de parler et de se chamailler sur ce que chacun-e-s pense avoir entendu d’une histoire, d’une intimité.
Parce que regarder des films c’est aussi en faire.
Pour mettre à l’épreuve notre capacité à aimer, gueuler, rêver, pleurer.
Ou peut-être juste pour la nécessité de se sentir vivant ensembles en accord ou en désaccord. Car vivant nous pensons l’être mais vivant nous le sommes encore plus quand nos corps et nos paroles s’entrechoquent autour d’un objet, d’un film, d’une musique avec le corps et les paroles d’autres. A ce moment-là nous pouvons en partager les sens et chercher à creuser ce que les films nous disent de « nous », de notre époque, du futur et du passé. Et peut-être, nous permettre d’affronter notre existence, le monde, et pourquoi pas, nous libérer encore encore encore… »
* « Ce constat d’un peuple qui manque n’est pas un renoncement au cinéma politique, mais au contraire la nouvelle base sur laquelle il se fonde, dès lors, dans le Tiers-Monde et les minorités. Il faut que l’art, particulièrement l’art cinématographique, participe à cette tâche : non pas s’adresser à un peuple supposé, déjà là, mais contribuer à l’invention d’un peuple. »
Gilles Deleuze, L’Image-Temps, Editions de Minuit, 1985


 

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