Édito

 

GODARD EN AVANT !

Le FIDMarseille rend hommage à Jean-Luc Godard et présente trois programmes à partir de films rares où le cinéaste se montre au travail, ouvre les portes de son atelier, livre son art poétique. À ceux-ci sont associés des films d’autres cinéastes, défendus par le FID, et dans lesquels l’esprit de Godard participe de l’invention de formes libres et sans modèle.


Entretien entre Serge Daney et Jean-Luc Godard de Jean-Luc Godard

1988 | France | 1h59

Alors qu’il entame ses Histoire(s) du cinéma, Jean-Luc Godard s’entretient de son projet avec Serge Daney. C’est une âpre discussion à laquelle on assiste entre ces deux grands penseurs du cinéma adeptes du monologue, pour atteindre progressivement une réflexion d’une grande intensité brassant des questions essentielles autour de l’histoire du cinéma, ce qu’elle engage tant esthétiquement que politiquement.  Ce document est réapparu grâce aux recherches de Serge Le Péron pour son film Serge Daney : le cinéma et le monde. Il est conservé à la Cinémathèque française. 

Fondateur de la Cinémathèque française, Henri Langlois a permis à nombre de cinéphiles de découvrir des œuvres invisibles et de faire naître en eux une histoire du cinéma qui ne s’appréhenderait pas de manière chronologique mais sur la base de rapprochements et d’associations d’idées. Spectateur assidu, Jean-Luc Godard est empreint de cette initiation fondamentale : « Langlois savait très bien ce qu’il faisait dans ses projections « en désordre » et avec son musée bizarre. C’était plein de nuances, de sous-entendus. De comparaisons inattendues qui déclenchaient une véritable réflexion. » Le projet d’une « histoire du cinéma » écrite et réalisée conjointement s’éteint avec la disparition de Langlois en 1977. En 1978, le Conservatoire d’art cinématographique de Montréal invite Godard à donner une suite de conférences et à prendre le relais de Langlois, qui y avait enseigné ses « anticours » dix ans auparavant. Ce sont les prémices de l’œuvre monumentale que sera Histoire(s) du cinéma, conçue dans la filiation de Langlois et d’André Malraux. « La grande histoire, c’est l’histoire du cinéma. C’est l’affaire du XIXe siècle qui s’est résolue au XXe. Elle est plus grande que les autres parce qu’elle se projette et que les autres se réduisent. » Composé de fragments de films et de références, Histoire(s) du cinéma est également ponctué de lectures et de conversations. La présence de Godard en pleine réflexion ou à l’ouvrage, à la machine à écrire ou à la table de montage, est constante. Après avoir réalisé les deux premiers épisodes, il invite Serge Daney à venir échanger avec lui. Les entretiens sont tournés le 3 décembre 1988 sous la forme d’un dialogue ininterrompu, longue réflexion à deux voix et en ricochet sur le cinéma et son histoire, sur le rôle et la place de l’image dans les années 1980, sur l’état du monde contemporain. Godard y puisera formules et citations qui alimenteront la suite des Histoire(s) du cinéma. Certains extraits de l’échange apparaissent également dans les épisodes 2A et 3B. Une partie de cette conversation a été retranscrite par Serge Daney dans Libération du 26 décembre 1988. Il la définit comme « un entretien fleuve, filmé pour les besoins éventuels d’un accompagnement pédagogique aux Histoire(s) du cinéma et de la télévision ».

Samantha Leroy

« Écouter Serge Daney était une chose passionnante, d’autant qu’il se lâchait plus (encore) en privé que par écrit. Il ne respectait pas les valeurs consacrées et aimait en découvrir de nouvelles. Oubliées, perdues, abandonnées, dans des cinématographies inconnues. J’avoue que cela m’allait parfaitement. Nous étions le plus souvent d’accord ».

François Margolin, entretien inédit de Serge Daney par François Margolin

Lire aussi l’entretien inédit de Serge Daney avec François Margolin. Réalisée fin mai 1986 à l’occasion de la parution du « Ciné-journal : 1981-198 » de Serge Daney, cette interview, qui n’avait jamais été publiée, a été retrouvée tout récemment par son auteur et confiée en exclusivité au site de la Cinémathèque.


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.

Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte