Le joli mai

Pour la quatrième soirée du cycle , un classique du cinéma-direct français redécouvert lors de sa restauration il y a quatre ans, Le joli mai de Chris Marker et Pierre Lhomme. Grande fresque dressant un portrait de Paris et de ses habitants, alors que le pays sort tout juste de la guerre d’Algérie, le film constitue un témoignage riche et oscille habilement entre questionnements intimes et remise en contexte historique et politique.

Chris Marker & Pierre Lhomme – France, 1962, 2h16

Le Joli Mai, tourné en 1962 à la fin de la guerre d’Algérie, fournit un bon exemple du savoir-faire, du style, de la culture de Chris Marker. C’est son intérêt pour les gens et leurs opinions qui fait la qualité du film. Descendant dans la rue avec sa caméra, Marker explore les multiples facettes de la personnalité de quelques personnages bien choisi : un vendeur de vêtements, un employé de bureau, un peintre en bâtiment, un étudiant noir, un jeune couple, un travailleur immigré. Progressivement, la pression que la grande ville exerce sur les individus vient occuper le centre du film. La seconde partie, sans menacer la cohérence de l’ensemble, prend un tour plus directement politique, à la faveur des événements de l’actualité. Avec ce film et quelques autres, Marker proposait ce que le documentaire peut offrir de meilleur : une invitation à penser.

Tout au long de sa carrière, le cinéaste s’est attaché à observer les vicissitudes de l’histoire mondiale tout autant qu’individuelle, avec curiosité et discernement, avec ironie et souvent un regard amusé, parfois avec colère. Au centre de sa réflexion figurent la mémoire, le souvenir, la nostalgie du temps passé réinventé mais à jamais disparu.

« Le Joli Mai sera un film à ricochets. Les auteurs ne seront que des lanceurs de questions, sur l’eau de Paris : on verra comment les cailloux retomberont, et s’ils vont loin. » Note d’intention du film, 1961.