Une soirée en deux temps et plusieurs mouvements pour poursuivre la tournée internationale de ces 31es Instants Vidéo toujours soucieux de briser les frontières pour ne pas briser les rêves et les grèves de nos révoltes intimes ou collectives. Un festival, par les temps qui courent (trop vite), ne peut plus se contenter d’être une vitrine des arts. Il doit affirmer des postures en prenant le risque de s’exposer aux critiques bienveillantes ou pas. Pas la moindre de nos revendications : « pour une semaine de 40h (minimum) d’amour et d’actions poétiques. »


Programme 1 : Les « dé-nuisances » sonores et visuelles

L’art vidéo fut inventé pour que ce qui nuit à l’ordre du jour ne sombre pas dans la nuit de l’oubli. Chaque film est soit une fraicheur d’ombre qui ravive nos sens alourdis, soit un crépuscule incendiaire qui excite nos rêves. Cinquante ans après Mai 68, entre nos colères océaniques et nos silences qui questionnent, une nouvelle carte du sensible se dessine sous nos pas qui ne manquent pas de souffle. Le cœur et le corps sont à l’œuvre.

En présence de la réalisatrice Pauline Laurent.

Les vidéo japonaises d’Alexandra Montsaingeon
Il y a tout juste un an est morte Alexandra Montsaingeon. Elle n’avait que 44 ans. Terrible ce jour où Marseille a perdu cette artiste qui ramassait des étoiles dans la rue pour les offrir à la constellation de ses amis et à sa fille jolie comme une luciole. Jamais une étoile choisit de s’éteindre. Seul l’oubli est un interrupteur.
Sumidagawa / Down by the river : River Umbrellas (4’38 – 2015)
Sumidagawa / Down by the river : Ukiyo-E Videos (4’33 – 2015)
En 2015, elle s’envola pour le Japon, chez ces gens qui vivent parmi des signes comme des poissons dans l’eau. Une invitation aux voyages, par ci, par là, par l’art.

Soliloquy
de Susanne Wiegner – Allemagne, 2018, 5’55
Une nature morte au musée me rappelle le bol de fruits de ma grand-mère et ouvre sur un monde d’imagination, de souvenirs et de scénarios de catastrophes passés ou futurs.

La découverte de l’inconnu
de Alexandre Erre – 2017, France, 9’31
L’archive vidéo de cette œuvre, « The Expose of the Nudist Racket », provient d’une campagne promotionnelle américaine de 1938 pour les camps de naturisme.
Le narrateur, Alan Caillou, prête quant à lui sa voix pour « O Tahiti Tele », une publicité télévisée produite en 1972 par la Tahiti Tourist Development Board à l’intention des touristes américains. C’est en croisant les deux archives que les mécanismes de domination se révèlent au grand jour, l’Américain nudiste devenant ainsi lui-même l’objet de la condescendance occidentale.

The Toaster I used to Live In
de Rojin Shafiei – 2018, Iran, 6’55
Quatre jeunes filles persanes à peu près du même âge (22-24) échangent sur la sexualité. Elles viennent de différentes classes sociales et religions, mais vivent toutes en Iran.

Faut pas t’inquiéter
de Mélodie Drissia Tabita – 2018, Maroc – France, 22 min
Rémanence du temps utérin ou folie du dedans, dedans son corps. L’issu est dehors, hors de soi, au bord de soi.

Limerence
de Oliver Pietsch – 2018, Allemagne, 5’30
Les scènes de douche dans les films nous emmènent au cœur de l’étrangeté du cinéma – comme la scène de sexe, il y a une performance d’intimité, des moments privés montrant que des séquences de la vie quotidienne sont généralement hors de vue. Le titre « Limerence » est un terme obscur qui désigne un état d’engouement qui génère des pensées et des fantasmes obsessionnels.

Kala Rang (The Black)
de Parul Bouvart – 2013, Inde, 1’03
Où l’artiste tente de devenir sauvage, noire et donc sale en se massant avec de la terre. En outre, l’artiste prétend être sauvage et parle de l’hypocrisie dans la société où les classes bourgeoises dépensent des centaines de dollars pour prendre des bains de boue dans des SPA.

Aequilibris
de Daniel H. Dugas – 2018, Canada, 3’08
Des images d’anciens films familiaux défilent sur l’écran des chutes du Niagara. Une ficelle, comme une mémoire collective tendue au-dessus des chutes, se défait et se refait donnant aux souvenirs évanescents une dernière chance de s’agripper à la réalité.

Mizara
de Pauline Laurent- 2009/16, France, 11’40
Sur le rivage de l’enfance, un canal se crée.
Simple creuset dont l’on pouvait encore distinguer l’ailleurs et son reflet.
Mais les rives avec le temps se séparent:
De l’autre côté, l’on ne distinguait plus la terre,
et le sillon opéra.
Au creux de cet espace, l’imaginaire travaille.
Certains, depuis le rivage lancent des pierres,
d’autres contemplent l’horizon comme un espoir.
Un jour, il a traversé le canal…

 


 

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