Édito
Je pense que pour moi la clé du cinéma de Sam Fuller, c’est quelque chose que j’ai toujours connu dans ma propre vie, dont j’ai fait l’expérience, et à laquelle je peux m’identifier : la violence émotionnelle. La violence émotionnelle est bien plus terrifiante que la violence physique. Ce qui fait le plus peur dans la violence, c’est son processus : depuis la menace de violence jusqu’à la sortie de la violence. Dans n’importe quel film de Sam Fuller, chacun des cadres est sur le point d’exploser sous cette violence (…) Fuller pousse la réalité à la limite de l’absurde, et cela en devient plus réaliste. Cela ressemble plus à la vie. Les films de Sam avaient une force, une urgence qui pulvérisaient tous les clichés, du racisme au nazisme, de l’horreur de la guerre à la brutalité du journalisme. Dans ses films domine toujours le besoin d’atteindre, aussi rapidement et complètement que possible, la vérité. (Martin Scorsese)
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Le port de la drogue de Samuel Fuller
1953 · États-Unis · 1h20
Skip McCoy est un petit escroc sans envergure, mais à l’avidité sans égale. Pickpocket à ses heures, il vole un portefeuille dans le sac d’une jeune femme. Celle-ci transportait à son insu un microfilm top secret, pour son fiancé, un agent communiste qu’elle prend pour un aimable juriste. Quand ce dernier s’aperçoit que les documents ont été volés, les ennuis commencent pour McCoy, traqué également par deux agents fédéraux.
Samuel Fuller, Independant Filmmaker d’André S.Labarthe
1967 · France · 20 min (extrait)
Cinéaste de la violence, Samuel Fuller raconte en vingt-trois chapitres une histoire américaine, avec la sécheresse qui caractérise son cinéma.
« Si je veux manger du poisson, je ne veux pas que vous me disiez de manger du poisson ! » C’est avec cette déclaration que Samuel Fuller, posté derrière sa machine à écrire Royal, donne le ton de ce troisième portrait de cinéastes américains de la série Cinéastes, de notre temps. Filmé sur une journée dans l’appartement parisien de Fuller, qui travaille alors sur le projet avorté des Fleurs du mal avec Noël Burch, le film de Labarthe saisit la parole tendue et d’une redoutable efficacité de Fuller, à l’image de son cinéma. Cette éloquence implacable rappelle l’obsession du cinéaste à traquer les vides et les temps morts dans ses films, où recadrages et plans-séquences sont maîtres, aux dépens du découpage. L’entretien mené par Luc Moullet est rythmé par des cartons fixes, Fuller y évoque sa jeunesse, sa vision de la politique et du cinéma, en écho avec de nombreux extraits de ses films. C’est là tout le génie de Labarthe et de Burch d’avoir façonné au montage ces quatre heures de rushes de façon à expulser « tout ce qui dans le réel brut ressortit à la durée morte ». C’est-à-dire réussir à livrer un portrait de cinéaste dont le rythme et la forme se rapprochent au plus près du système même des films de l’auteur. Dans un élan de beauté ultime, les dernières minutes voient apparaître sur fond noir un carton blanc, « LE SON », accompagné des coups de feu tirés à la fin de La Maison de bambou, le carton changeant de couleur au rythme des détonations.
Caroline Maleville
Informations pratiques
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Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
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