La représentation cinématographique des Africains, autant sur le continent qu’en dehors, est d’abord passée, et passe encore, par le filtre culturaliste des caméras occidentales. L’Afrique est un décor, faisant partie d’un rêve d’exotisme ou d’un quotidien qui ne serait que miséreux. Parallèlement, la caméra de Jean Rouch, « le cinéaste des griots »,  a fait découvrir aux Occidentaux une autre image du continent, une image plus humaine, plus proche des gens et de leurs habitudes. C’est seulement en 1957 que Paulin Soumanou Vieyra réalise le premier court-métrage africain, Afrique sur Seine, tourné à Paris car il n’avait pas l’autorisation de filmer au Sénégal ! En 1966 c’est le premier long-métrage africain, La Noire de.. d’Ousmane Sembene, qui est réalisé.

 

« Le jardin entier doit être déraciné et ressemé » (La Moisson des 3000 ans).

 

Du mardi 21 au dimanche 26 mars (et du mardi 18 au dimanche 23 avril), pour le premier volet de ce cycle donnant à voir quelques cinémas d’Afrique, ce sont des pionniers, parmi les premiers cinéastes africains ou d’origine africaine filmant des Africains, qui (re)prennent possession des histoires de leurs contemporains. Des histoires tout à la fois réelles et magiques : chronique quotidienne d’une révolte dans une Éthiopie féodalisée (La moisson des 3000 ans), conte initiatique et magique malien (Yeelen), folle métaphore de l’avidité dans un village sénégalais (Hyènes), ou encore mythologie de l’avenir européen confrontée à la permanence du racisme et se transformant finalement en déracinement (La Noire de… ; Soleil O). Pour la plupart, ces cinéastes font partie de l’intelligentsia africaine formée en Occident (Ousmane Sembene et Souleymane Cissé à l’Institut des Hautes Études Supérieures de la Cinématographie de Moscou ; Haile Gerima immigré aux États-Unis et formé à l’UCLA, ….). Leurs films s’unissent aussi par les diverses formes d’oppressions qu’ils racontent, et s’adressent à tous ceux qui ne peuvent supporter les systèmes de domination raciaux, sociaux, culturels, en partie fruits de l’esclavagisme, de l’occupation, du colonialisme et de son héritage, mais également des rapports hiérarchiques inhérents à toute société. Ce sont des critiques, parfois des révoltes. Leurs auteurs ne sont pas des cinéastes « de pancarte » (pour reprendre l’expression de Sembene), mais bien des inventeurs d’histoires collectives et, oserons-nous même, universelles… Le rêve fédérateur, panafricaniste, n’était pas loin. Un paradoxe est cependant toujours présent : la limitation de la diffusion des films africains hier et aujourd’hui dans le monde, et en Afrique surtout, dénote avec la volonté des cinéastes de s’adresser au plus grand nombre.

 

En parallèle à ce cycle, en une journée, le samedi 25 mars, nous construirons un pont avec le cinéma noir-américain, un lien qui s’est de lui-même tissé à travers l’Histoire et à travers l’histoire du cinéma. Med Hondo a inspiré des cinéastes états-uniens tels que Spike Lee. Haile Gerima est parti aux États-Unis où il a participé à la formation de la Los Angeles School of Black Filmakers, avec entre autres Charles Burnett et Melvin Van Peebles. Ces cinéastes instiguèrent un cinéma noir-américain indépendant éloigné des canons esthétiques hollywoodiens, où le « rôle du Noir » s’enrobait souvent de stéréotypes ségrégationnistes. My Brother’s wedding de Charles Burnett, peint au contraire avec humour et simplicité le quotidien de la population noire d’un quartier de Los Angeles, à travers un héros ordinaire qui se confronte à la réalité ennuyeuse de sa situation.

 


Le programme du cycle

 Voir le programme complet des séances cinéma


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Videodrome 2
49 Cours Julien
13006 Marseille

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Les tarifs des séances cinéma

Adhésion annuelle indispensable
à partir de 3€

5€ la séance
2€ pour les moins de 14 ans
2€ pour les séances jeune public

La carte 10 séances + adhésion annuelle
45€

Ouverture de la billetterie 30 minutes avant le début de chaque séance

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