Le Cycle Cinéma Dada et Surréalisme est une programmation proposée par Mireille Laplace programmatrice et animatrice de l’association Grains de Lumière. Les films qui vous seront présentés, parmi eux des films légendaires et d’autres plus confidentiels, le seront exclusivement (ou presque) à partir de copies argentiques en 16mm et 35mm.
Nous tenons à remercier chaleureusement Mireille Laplace et Dominique Willoughby pour nous permettre d’accueillir ces films et d’enrichir ainsi le travail que nous menons depuis près de 4 ans sur les Histoires du cinéma et sur celles de l’image argentique, vidéo ou numérique.
Marcel Duchamp, Hans Richter, Man Ray, René Clair, Francis Picabia, Germaine Dulac, Antonin Artaud, Luis Bunuel, Salvador Dali, Maya Deren, Sidney Peterson, Jean Cocteau.
20h30
Cycle cinéma Dada et Surréalisme
La programmation
Le Sang d’un Poète
Jean Cocteau, 1930, 16mm, 51min
De Dada au surréalisme
Dada est né en février 1916 à Zürich. La paternité du nom « Dada » – « choisi justement parce qu’il ne veut rien dire »- a été revendiquée par Tristan Tzara, confirmée par Jean Arp. D’autres, comme Walter Serner, Hugo Ball et Richard Hülsenbeck la lui contestèrent. Le groupe, en tout état de cause, était né présentant ses spectacles au cabaret Voltaire, créé et animé par Hugo Ball. Soirées provocatrices, soirées d’expérimentation de nouvelles formes de poésie, de musique, création de costumes et de masques, expositions de toiles abstraites.
Le succès est foudroyant et entouré d’un parfum de scandale. L’un des buts recherchés par Dada était atteint : le bourgeois zurichois se trouvait en état de choc face à cette culture en germe et les jeunes artistes puisaient une nouvelle raison de vivre malgré les boucheries guerrières que tous condamnaient violemment.
Après Zürich Dada va essaimer en Allemagne, en Hollande, en Belgique, en France essentiellement. Tzara rejoint Paris et fait école : Breton, Aragon, Péret, Soupault, Eluard, Desnos, Man Ray, Duchamp, Picabia rejoignent le mouvement. Mais bientôt des dissensions fissurent le groupe : discordes politiques, désaccords théoriques, les tenants de l’ordre et de la méthode s’opposant au goût du désordre revendiqué par Tzara ou Picabia.
La rupture se concrétise lors de la soirée du Coeur à Gaz en juillet 1923, où Breton et Péret sautent sur la scène où se jouait la pièce de Tzara « Le Coeur à Barbe » , Breton allant jusqu’à gifler Crevel et casser le bras de Massot à coup de canne.
Un an plus tard le groupe surréaliste émerge autour de Breton et de la publication du premier manifeste.
Paradoxalement Dada se tourne vers le cinéma au moment de disparaître (et les surréalistes attendront quelques années avant de s’y intéresser).
Man Ray présente le « Retour à la Raison » lors de la soirée du Coeur à Barbe. « Emak Bakia » date de 1927 et a encore une facture dadaïste. « L’Etoile de Mer » de 1928 et « Les Mystères du Château du Dé » de 1929 sont des films de transition vers le surréalisme. Hans Richter commence les siens en 1921, Clair et Picabia tournent « Entr’acte » en 1924 et Duchamp « Anémic Cinéma » en 1926. Dans tous dominent les jeux formels, la dérision, la recherche du hasard, du non sens mais aussi la recherche des éprouvés : Duchamp hypnotise avec ses rotoreliefs qui creusent l’écran, Clair et Picabia précipitent le spectateur dans une course folle du haut d’un grand huit, Man Ray fait de même de l’intérieur d’une voiture lancée à vive allure…
Les surréalistes s’essaieront eux aussi aux recherches formelles mais tendues vers un but ultime : l’émergence de l’inconscient et sa mise en images et en scène à travers un processus privilégié, le rêve. Le film de Germaine Dulac et Antonin Artaud « La Coquille et le Clergyman » en est un prototype. Maya Deren prolongera la filiation aux Etats-Unis dans les années 40 et Sidney Peterson dans les années 50.
Si Dada avait à voir avec le rêve, c’est du côté des processus primaires (déplacement, condensation) qu’il faudrait chercher. Les surréalistes, quant à eux, sont du côté de l’élaboration secondaire des contenus. C’est donc très logiquement que Dada avait rompu avec la narration et le revendiquait (in Man Ray « Autoportrait ») et que les surréalistes allaient retrouver, sinon une narration structurée, du moins une trame narrative au fil de leurs oeuvres.
Si tous deux sont à la recherche d’une liberté créatrice totale, les chemins pour y parvenir vont se révéler profondément divergents.
Mireille Laplace
Cinéma Dada et Surréaliste
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