Édito
Voici une invitation à arpenter une généalogie des images que l’Amérique renvoie à elle-même en temps de crise. Une psychanalyse cinématographique en six étapes de la déchirure interne propre à la bourgeoisie blanche états-unienne. Si dans les médias les États-Unis sont dits aujourd’hui fracturés, ce n’est pas une première : depuis la Guerre de Sécession, et le triste gâchis de la période de Reconstruction, l’imaginaire national, voir nationaliste, ne cesse d’invoquer une division perpétuelle, suggérant qu’inévitablement, un jour ou l’autre, il y aura des comptes à rendre.
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The Last Picture Show de Peter Bogdanovich
1971 | États-Unis | 1h58 | VOSTFR
1951. Sonny et Duane, deux adolescents texans, passent leur temps entre le café et le cinéma, seules distractions possibles dans leur petite ville perdue aux confins du désert. Mais lorsqu’une fille provoque une dispute entre eux, Sonny décide de s’engager pour la Corée. Avant de partir, ils se rendent au cinéma une dernière fois…
Meilleur film de Bogdanovich, La Dernière Séance est une chronique nostalgique et cruelle, à la fois inscrite dans une époque précise et magistralement intemporelle.
C’est sur les conseils de son ami, l’acteur Sal Mineo, que Peter Bogdanovich prend connaissance de The Last Picture Show, roman de Larry McMurtry paru en 1966. S’il est déjà une sommité critique (et a une petite expérience d’acteur), la carrière de cinéaste de Bodganovich se résume à deux modestes films de genre, La Cible (1968) et Voyage to the Planet of Prehistoric Women (1968). Le questionnement est donc immense pour lui quant à la manière d’adapter cette chronique texane, avec d’abord le choix radical d’un tournage en noir et blanc (après une discussion avec Orson Welles, autre de ses mentors) ainsi que celui d’un casting d’inconnus. L’histoire dépeint au début des années cinquante le quotidien d’un groupe de personnages à Anarene, ville perdue du Texas.
Un lent travelling part d’un cinéma pour dévoiler une petite ville déserte, balayée par le vent du nord. C’est le début de La dernière Séance. À la fin, le travelling inverse clôture le film, le referme sur lui-même sans qu’apparemment rien n’ait changé. De fait, Anarene, petite ville du Texas, reste cette prison dans laquelle végètent des êtres désabusés qui, pour de multiples raisons, ne peuvent s’échapper. Mais entre ces deux plans, quelques personnages se sont agités, parfois en vain, mus par des pulsions et des désirs, terriblement humains, et deux sont morts. À sa manière, pétrie de classicisme, Bogdanovitch sait donner à chacun une épaisseur et une densité qui font que dans cette description d’un quotidien épais jamais l’ennui ne pointe.
Informations pratiques
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Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.
L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 5€ et valable sur une année civile.
Toutes les séances du cycle America is Hard to See
America Is Hard to See 1/6 | The Last Picture Show
The Last Picture Show (La dernière séance) de Peter Bogdanovich | 1971 | États-Unis | 1h58 | VOSTFR
America Is Hard to See 2/6 | Five Easy Pieces
Five Easy Pieces (Cinq pièces faciles) de Bob Rafelson | 1970 | États-Unis | 1h38 | VOSTFR
America Is Hard to See 3/6 | The Last Detail
The Last Detail (La dernière corvée) de Hal Ashby | 1973 | États-Unis | 1h44 | VOSTFR
America Is Hard to See 4/6 | Medium Cool
Medium Cool (Objet vérité) de Haskell Wexler | 1969 | États-Unis | 1h50 | VOSTFR
America Is Hard to See 5/6 | In the Year of the Pig
In the Year of the Pig (L'année du cochon) de Emile de Antonio | 1968 | États-Unis | 1h41 | VOSTFR
America Is Hard to See 6/6 | Underground
Underground de Emile de Antonio & Haskell Wexler | 1976 | États-Unis | 1h28 | VOSTFR