Troisième volet de la carte blanche faite à Aurélien Lemonnier, Phantagma III, la peau qui bouge, se propose de travailler sur la polysémie du mot phantagma à la fois étymon du mot fantôme et du mot fantasme.
La richesse de la proposition d’Aurélien Lemonnier, comme à son habitude, réside dans son éclectisme. Son travail conceptuel s’appuiera tant sur des grands classiques du cinéma, que sur des raretés et sera présenté sous la forme d’une performance mise en images qui introduira et clôturera la semaine de programmation.
Au programme : Tod Browning, Yukio Mishima, Harmony Korine, Luchino Visconti, Martin Rosen, David Cronenberg.


:: 20h30: performance d’Aurélien Lemonnier suivie de

Spring Breakers

Harmony Korine, 2012, USA, 1h34

Mais pourquoi des jeunes filles que la nature a parfaitement qualifiées pour faire bander instantanément les jeunes gars de leur âge ressentent-elles le besoin d’afficher toutes sortes de signaux supplémentaires et provocants afin d’attirer leur regard et surtout leur concupiscence ?
Est-ce cela, le mystère de l’adolescence ? Dans Spring Breakers, les quatre copines qui mettent le feu au slip du genre humain se comportent en permanence comme des chiffons rouges à demi incrédules de leur propre effet. La question de leur degré de conscience, ou d’inconscience, forme en réalité le seul mystère d’un film que son metteur en scène, Harmony Korine, a davantage conçu comme une entreprise de décryptage de l’adolescence que comme une de ces machines hollywoodiennes qui, de Twilight en Hunger Games, s’emploient à la chiffrer nébuleusement.

Virage
Le mystère de l’adolescence, il est surtout de nature sexuelle : mystère de l’éveil à la sexualité dans des termes qui paraissent toujours trop crus aux parents, et mystère du trouble sexuel que nous ressentons face aux adolescents, alors que nous ne devrions pas. Autrefois collaborateur de Larry Clark, Harmony Korine connaît aussi bien que lui ces questions qui font tout le charme, et parfois le scandale, de films comme Kids ou Ken Park. Dans sa propre filmographie, Korine a lui aussi interrogé l’Amérique sur ses passions les plus louches. Mais il le faisait par la bande, dans des productions réputées marginales et dont il était à sa façon partie prenante, comme un agent expérimental et défoncé.
Cette fois, c’est au beau milieu de la fanfare mainstream que Korine a planté son chapiteau : le casting doré sur tranche, les moyens manifestes de la production, l’ampleur du marketing de Spring Breakers et son thème ouvertement racoleur dessinent un virage exceptionnel dans sa carrière, peut-être une anomalie.
Ce changement de dimension produit aussi un effet inattendu : son cinéma y gagne une sérénité et une amplitude tout à fait nouvelles. C’est comme si l’immersion dans ce que la culture populaire a de plus clinquant et surexcité produisait chez Korine un effet paradoxal de maîtrise et d’apaisement.

Mélancolie
Il y a beaucoup de joie et d’exultation dans ce film, mais très peu de naïveté. Il n’échappe pas au cinéaste que la mythologie moderne du spring break, qui autorise les jeunes Américains à lâcher toutes les bondes une fois par an, repose au fond sur une transaction puritaine, dont même la drogue ou le crime ne permettent pas de s’affranchir. Seule, peut-être, la mélancolie…
Fun, mais profond, léger mais quand même émouvant, plus sexy que sexuel, Spring Breakers exprime une beauté attirante et cruelle qui doit une part considérable de sa réussite aux quatre intrépides poupées qui l’innervent, Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson et Rachel Korine, toutes formidables et audacieuses actrices, ainsi qu’à l’ange-démon James Franco, qu’elles se sont imprudemment choisi.

Olivier Séguret


 

Phantagma III, la Peau qui Bouge – Carte Blanche à Aurélien Lemonnier

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