Samedi 25 octobre 2025 · 20h30
Édito
Passagen – Passages au Videodrome 2
Après les installations publiques temporaires de l’artiste allemande Michaela Melián autour de la gare de La Blancarde, les films présentés au Videodrome 2 explorent d’autres formes d’attente et de transit à travers des histoires de navires, de voyages et de déplacements incertains. De Hölle Hamburg (2007) à Die Amitié (2024), en passant par MS Deutschland (2015), les projections composent un récit fragmenté, entre départ, retour et disparition, prolongé par des discussions avec les cinéastes invité·es.
MS DEUTSCHLAND
de Juno Meinecke | 2015 | Allemagne | 5 min
Octobre 2014 : MS Deutschland – un navire de croisière six mois avant sa démolition, lors de son dernier voyage d’Athènes à Beyrouth. Nous voyons des touristes allemands prendre un bain de soleil sur le pont de leur « navire de rêve », connu d’une série télévisée diffusée aux heures de grande écoute, tandis que les membres de l’équipage international travaillent sans relâche. Nous ne voyons pas ceux qui traversent la Méditerranée en sens inverse au péril de leur vie.
Die Amitié
de Ute Holl, Peter Ott | 2024 | Allemagne | 1h42 | Vostfr
Agnieszka arrive de Pologne à Lübeck pour s’occuper d’un homme âgé qui dérive lentement vers l’oubli. Dieudonné arrive de côte d’ivoire pour travailler dans une grande serre. Tous deux font partie d’un réseau: amitié. Une IA à laquelle tout le monde peut adhérer. S’il n’y avait pas le policier dingue qui poursuit les trafiquants !
Biographies
Peter Ott est cinéaste et producteur de films. Il vit à Hambourg et enseigne en tant que professeur de cinéma et de vidéo à la Merz Akademie Stuttgart. Peter Ott est membre fondateur du collectif médiatique Abbildungszentrum et du collectif activiste Schwabinggrad Ballett. Depuis 1988, il réalise ses propres courts métrages, films de fiction et documentaires, notamment « Hölle Hamburg » (2007, avec Ted Gaier), « Jona (Hamburg) » (2007), « Gesicht und Antwort » (2010), « Das Milan-Protokoll » (2018) et « Die Amitié » (2024, avec Ute Holl).
Ute Holl est cinéaste, spécialiste des médias et autrice. Elle vit à Hambourg et à BSEL, où elle enseigne en tant que professeure de sciences des médias/esthétique des médias à l’université de Bâle. Ses recherches portent principalement sur l’histoire des médias de la perception et la théorie de la connaissance des médias audiovisuels. Elle a publié des ouvrages sur le cinéma et l’histoire des médias de l’acoustique et de l’électroacoustique, dont « Cinema, Trance and Cybernetics » (2002/2017). En collaboration avec Peter Ott, elle a réalisé les films « Traum, Wolken, Off Exil » (2017) et « Die Amitié » (2023).
Ted Gaier est musicien, producteur musical, homme de théâtre et artiste.
Il vit et travaille à Hambourg depuis 1983, avec quelques interruptions à Prague, Munich et Berlin. Il est membre du groupe Die Goldenen Zitronen, fondé en 1984. Gaier fait partie du groupe de performance germano-ivoirien Gintersdorfer/Klaßen et du collectif Agitprop Schwabinggrad Ballett.
Il collabore depuis de nombreuses années avec le réalisateur Peter Ott : musique de film pour les longs métrages Hölle Hamburg (réalisé par Peter Ott, Ted Gaier) et Die Amitié (réalisé par Ute Holl, Peter Ott), 2024. En 2018, il reçoit le Prix de la critique cinématographique allemande pour la meilleure musique de film de Das Milan Protokoll (réalisé par Peter Ott).
Juno Meinecke est réalisatrice, cinéaste et auteure. Elle travaille également comme actrice et musicienne et vit à Berlin. Ses films ont été projetés lors des festivals de Hof, Oberhausen, Kassel, Sarrebruck et Oulu (Finlande), sur la chaîne ARD, à la Bundeskunsthalle de Bonn et dans divers lieux artistiques. Ses clips musicaux ont été primés à plusieurs reprises.
Passagen – Passages
Un projet de Michaela Melián & Won Jin Choi
Marseille résiste à l’interprétation. Ou plutôt, il existe autant d’interprétations que d’individus.
La plupart de ses habitant·es descendent de celles et ceux venus d’ailleurs. Au fil des siècles, le Vieux-Port absorbe ou rejette ses rejetons au gré des invasions, épidémies, rassemblements, retrouvailles, opportunités. Au milieu du XXe siècle, c’est la guerre qui pousse sur ses quais des Européens en quête d’un nouveau départ. Dans le roman Transit d’Anna Seghers, écrit après son séjour à Marseille dans les années 1940, le narrateur erre entre cafés, consulats et planques, entouré d’autres vies en transit. Le mouvement de ses compagnons de fortune est circulaire, hanté par le sentiment d’arriver soit trop tôt, soit trop tard, et par l’idée d’un éternel recommencement.
Passagen – Passages prolonge ce mouvement au présent, où Marseille se définit moins par l’arrivée ou le départ que par le transit. Le projet explore la manière dont la ville et ses lieux contiennent les stigmates du temps, comment la mémoire habite les rues et comment l’une et l’autre se reconstruisent sans cesse. Sous ou sur le bitume, l’Histoire se foule chaque jour.
Au cœur du projet se trouve le travail de Michaela Melián, artiste et musicienne allemande, dont les anciennes attaches familiales avec le sud de la France se croisent avec des
liens professionnels établis dans la ville. Pour Passagen – Passages, elle a créé 17 dessins en noir et blanc, exposés dans un premier temps à la gare de La Blancarde, un lieu où l’on attend, part ou revient. Ils sont comme des signaux invitant à s’arrêter ou à poursuivre sa route. Après un certain temps, l’installation publique des dessins se déplacera vers un quartier voisin, voyageant comme les figures qu’elle évoque : déplacées, instables, insaisissables.
Le projet est né de traces. Il y a des lettres, des gestes, des itinéraires, des noms glissant hors de l’Histoire. Des traces laissées par des vies comme celles d’Helen Hessel, d’Albert O. Hirschman ou de Jesús Argemi Melián. Les recherches de l’artiste questionnent comment ces histoires se transmettent, refusant de figer le sens, laissant la logique fugitive de la ville guider le processus.
Il n’y a pas d’exposition centrale, pas de rassemblement des œuvres en un seul lieu. Passagen – Passages se déploie dans un champ ouvert : un dessin, une voix à la radio, un fragment imprimé, un film, quelques discussions, une histoire à la volée. Ces gestes isolés invitent à réfléchir à ce qui persiste dans une ville poreuse façonnée par le transit. Le dessin est altéré comme les récits eux-mêmes. Ce que l’archive ne peut contenir, la ville le porte encore. Un banc public. Un visage anonyme. Une marche sans destination. Nous tournons autour de ce qui ne peut être nommé. Dans ce mouvement circulaire, les choses finissent par subsister.
Won Jin Choi
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Séance gratuite
Passages – Passagen au Videodrome 2