De nombreux textes de présentation ont été écrits sur l’œuvre de Pedro Costa. Moins par paresse qu’humilité, nous composerons ici avec, en vous invitant à les lire dans leur intégralité, égrenant ainsi les espaces illustres qui lui ont dédié un temps (ou vont le faire) et le nom des personnes qui lui ont dédié leurs mots.

Il s’agit pour nous de dire simplement par delà les nécessités de communications hagiographiques combien ce temps d’une heure d’échanges entre Pedro Costa et Cyril Neyrat nous est précieux, promesse émue à nos oreilles et nos yeux cinéphiles, en amont de la présentation d’En avant Jeunesse dimanche 16 janvier, et en avant d’une œuvre qu’il nous tarde de découvrir : Vitalina Varela, 21h à La Baleine ce 19 janvier.


Depuis Casa de Lava (1994), le cinéma de Pedro Costa accompagne le destin d’un peuple de sous-prolétaires portugais et africains dans quelques quartiers de la banlieue de Lisbonne. De film en film, une pratique et une forme cinématographiques n’ont cessé de s’approfondir, entre chronique et légende, solitude et communauté. De ce cheminement, Vitalina Varela est aujourd’hui le terme et le splendide accomplissement. Sa sortie dans les salles françaises est l’occasion de retracer le chemin, d’interroger les partis pris de l’œuvre et du travail, les motifs d’une si singulière fidélité.


Depuis maintenant plus de vingt ans, Pedro Costa construit, plan par plan, film par film, un cinéma que, faute de mieux, l’on qualifiera de l’épithète galvaudée d’exigeant. Exigeant vis-à-vis du public, auquel il propose une esthétique rigoureuse, recélant pourtant un pouvoir d’émotion rare. Exigeant, surtout, envers soi-même : Costa est en quête perpétuelle d’une méthode qui lui serait propre et serait à même d’embrasser au mieux ses préoccupations humaines, morales, politiques, esthétiques.

Lire le texte de Raphaël Lefèvre sur Critikat

Pedro Costa est un cinéaste qui se tient en un endroit unique à la fois puissant et mouvant du cinéma, à la jonction entre l’enregistrement documentaire rigoureux, là où « tout est vrai », comme il le dit de son dernier film Vitalina Varela qui vient de recevoir le Léopard d’Or au dernier festival de Locarno- et un projet formaliste où cadrage, durée, lumière, et couleur construisent une mise en scène expressionniste.

Lire le texte de présentation de la rétrospective au Jeu de Paume

En avant, jeunesse (2006) reprend pour l’emmener encore plus loin la possibilité d’utiliser la vidéo numérique comme matériel de peintre, pour chanter la dignité glorieuse de ceux qui vivent, même dans les taudis. « Peut-être que pour Pedro Costa l’acte de tenir quelqu’un contre sa poitrine est en lui-même une aventure » écrivait le grand critique japonais Shigehiko Hasumi à propos d’Ossos. Oui, chez Costa, admirateur fidèle de John Ford, l’aventure est partout à qui sait comprendre ce qui se joue. Mais nulle part sans doute l’aventure n’est plus intense que dans le travail. C’est ce qu’aura montré le cinéaste portugais à deux reprises, en filmant deux situations de travail qui se transforment en exploits de chaque instant, dans l’exigence de gestes refaits sans cesse, d’essais repris et interrogés. Une fois un couple de cinéastes, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub (Où gît votre sourire enfoui ? 2003), une fois une chanteuse, Jeanne Balibar (Ne change rien, 2009). Il ne faut pas s’y tromper : qu’il s’agisse ici de travail artistique permet seulement de mieux percevoir que le travail, au sens qui intéresse Costa, au sens du « faire », est acte de courage, d’élan hors de soi, de mise en jeu de tout ce qu’on est, de tout ce qu’on sait et de tout ce qu’on peut, pour atteindre ce qu’on n’était pas, ce qu’on ne savait pas, ce qu’on ne pouvait pas. Ainsi filme Pedro Costa, aventurier des mers chaudes du monde réel, sur son navire de cinéma entièrement fait à la main, barré à la diable.

Lire la présentation de Jean-Michel Frodon pour la Cinémathèque Française

 

Lire l’entretien avec entre Michel Guarneri pour Débordements

Cyril Neyrat vit et travaille à Monoblet, dans les Cévennes, où il partage son temps entre le cinéma (écriture et réalisation) et l’accueil de jeunes adultes autistes au sein du lieu de vie Tentative. Il est membre du comité de sélection du FIDMarseille et éditeur associé aux Editions de l’Oeil. Ancien membre du comité de rédaction des Cahiers du cinéma et rédacteur en chef de la revue Vertigo, il est l’auteur de nombreux textes, principalement sur des auteurs de la modernité cinématographique (Rossellini, Godard, Pasolini, Pollet). Son écriture critique se concentre aujourd’hui sur l’accompagnement de quelques cinéastes dont Pierre Creton, Jean-Claude Rousseau, Pedro Costa.

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Tarif de la séance

ENTRÉE LIBRE

Adhésion annuelle obligatoire de 5 euros (année civile)

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La billetterie ouvrira 1h00 avant le début de la Masterclass. Pas de réservations en amont.


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