Samedi 3 janvier 2026 · 19h00
Edito
LOL: Lesbians Out Loud, c’est un rendez-vous trimestriel de comédies lesbiennes et queer qui se veut convivial et joyeux.
Un film de gouines pour ma mère.
Voilà en somme ce que s’est sûrement dit Alice Wu en écrivant le scénario de son long-métrage Saving face (2004). Une jeune femme sino-américaine fait son coming out en tant que lesbienne au moment même où sa mère est rejetée par la communauté chinoise à cause d’une liaison hors-mariage. Ce film, qui donne à l’immense Joan Chen son premier rôle comique au cinéma, arrive sur nos écrans non sans une bataille contre une volonté d’homogénéisation féroce de la part des studios hollywoodiens auxquels Wu propose son film. Votre script est superbe, mais plutôt qu’une communauté sino-américaine, pourquoi pas des personnes blanches? Et plutôt qu’une histoire lesbienne, restons en à une histoire d’amour hétéro. Refusant de renoncer à l’authenticité de son scénario, Wu parvient à écrire et réaliser cette comédie dramatique en cinq ans, sans expérience préalable de cinéma. Elle le dédie à sa mère, et dira “j’ai écrit ce film pour ma mère, je voulais qu’elle sache qu’il n’est jamais trop tard pour vivre son tout premier amour. Je voulais qu’elle quitte la salle de cinéma avec ce goût d’espoir”.
Le film devient presque immédiatement culte car il répond à un manque, c’est à l’époque seulement le deuxième film à représenter presque exclusivement une communauté sino-américaine. Il devient naturellement culte auprès des lesbiennes, notamment de New York car il est une ode à la ville, à sa lumière et à ses gens. Mais son succès, à mon humble avis, c’est à sa nature au plus proche du réel qu’il le doit. Oui c’est une comédie romantique mais c’est avant tout une histoire d’amour. L’amour que l’on porte à sa mère dispersée et crispée, à sa famille poussive, à son amoureuse effrontée, à soi-même, car en fin de compte il le faut bien. Rares sont les films dans lesquels le jeu est au service des subtilités de tous les jours. Au service des gens qui ne savent pas encore dire “je t’aime” ou “je te fais confiance” ou “je sais que tout ira bien car nous serons ensemble”, avec cette même colère et cette même peur qui caractérise leur regard. Saving face est de ces films-là, qui disent que la vie continue et puis qu’est-ce que tu vas faire? Et si vous souhaitez commencer l’année avec un peu de douceur et de la franche rigolade, il sera projeté le samedi 3 novembre au Videodrome 2, à 19h.
Saving face
d’Alice Wu | 2004 | USA | 1h31 | Vostfr
Wil Pang doit constamment concilier sa carrière de chirurgienne et ses devoirs de fille. Elle garde sa vie privée secrète, jusqu’à ce que sa mère débarque à sa grande surprise. Alors que ses mondes soigneusement compartimentés entrent en collision, Wil doit trouver un mari à sa mère et choisir entre rompre un cycle de maintien des apparences ou risquer de perdre la fille qu’elle aime.
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