20h

Le Caire confidentiel

de Tarik Saleh, 2017, Suède, Allemagne, Danemark, 1h48, VOstFR

 

Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution.
Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville.
Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.

Le Caire Confidentiel est un vrai film noir. Il convient de ne pas considérer cette affirmation comme une déclamation superficielle et publicitaire mais de souligner que c’est l’esprit même d’un genre particulier ancré dans une certaine histoire du cinéma, ses déterminations sociales et psychologiques, les soubassements politiques de sa morale, que reproduit le film passionnant de Tarik Saleh, tout en les déplaçant.Les principes du film noir nourrissent, en effet, tout en le filtrant, un regard précis sur une réalité contemporaine. Le spectateur se voit proposer ici une nouvelle ­variation sur ce que l’on appelle le police procedural, sous-genre du film policier. Un crime, une enquête, tel est le point de départ d’une fiction qui immerge progressivement les règles d’un suspense apparemment convenu dans un contexte géographique et historique dépaysant pour le spectateur français qui découvrira le film en salle.

Le Caire, 2011. Une jeune chanteuse de variétés est assassinée dans une chambre d’hôtel de luxe. L’inspecteur Noredine est chargé de l’enquête. Au cours de celle-ci, il va traverser toutes les strates de la société égyptienne, côtoyer des individus de classes sociales différentes. Comme dans toute bonne Série noire, le flic est un scalpel qui met à nu les dessous d’une société pourrie jusqu’à la moelle. L’investigation devient un prétexte à une sorte de biopsie politique et sociale. Mais, au fur et à mesure de la ­progression de l’enquête, le ­contexte même du récit se mettra à vaciller. Nous sommes à l’aube du mouvement de protestation qui débouchera sur les manifestations de la place Tahrir, prémices du renversement du ­régime de Moubarak.

Il serait ­facile de constater qu’au fait divers criminel, aux actions et pulsions ­individuelles qui le composent s’opposerait alors l’accomplissement d’un des­tin collectif, ­rendant ainsi l’énigme policière à la fois dérisoire, mais l’éclairant aussi d’une lumière particulière. Le film de Tarik Saleh ne se ­contente pas d’illustrer cette idée un peu rebattue de la collision ­attendue d’une aventure trop ­individuelle avec le mouvement des masses.

La quête du personnage principal l’amènera à découvrir le cœur faisandé de l’Etat égyptien. Il y mettra à nu la responsabilité d’hommes des services secrets dans l’assassinat qu’il tente d’élucider. Mais il ne serait, toutefois, pas raisonnable de n’y voir qu’une dénonciation, un peu facile, d’un système corrompu menacé par l’action d’un personnage héroïque et intouchable.

Défini par une foule de notations qui replacent régulièrement son activité dans un environnement banal, Noredine est loin d’être un flic irréprochable. Assurant ses fins de mois grâce aux différents petits revenus que lui rapportent de minuscules trafics, voire de menus ­rackets, il profite lui-même d’un état général de corruption. Celle-ci semble relever moins d’une transgression juridique et surtout morale que d’un lien quasi banal entre les individus, un lien destiné à huiler les relations entre les individus, un état auquel tout le monde semble s’être résigné avant cette explosion, imprévue, de la rue cairote.

C’est là sans doute que réside la singularité du regard du cinéaste, qui consiste à voir la nature profonde d’une société dont la corruption semble être une ­seconde nature. La révolte qu’exprimera le flic opiniâtre lorsqu’il découvrira les dessous d’une plus vaste conspiration, qui n’est pourtant que la continuation, à une autre échelle, des accommodements avec l’éthique partagés par tous, revêt ainsi une signification particulière et complexe.

Jusqu’à quel point l’injustice assumée et pratiquée quasi mécaniquement n’altère-t-elle pas la conscience de ses propres actes ? La morale est-elle une question de nature ou de degré ? Sourde interrogation qui parcourt élégamment le film de Tarik Saleh.

Jean-François Rauger


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