Voyage le long de la myhique Road 66 et de la Harvey Railway Line à travers les cultures indiennes  Apaches et Pueblos, la communauté de Taos, la Santa Fe trail et le Camino Real. Un mois durant le Non-Lieu centrera ses activités autour d’un thème unique, les Etats-Unis, sur une partie spécifique du Far West constituée par une sorte de « quadrilatère » que forment les Etats de du Colorado, de l’Arizona, du Nouveau Mexique et de l’Utah.  Le parti-pris est le suivant, la culture américaine, notamment ses mythologies sont partie intégrante de l’imaginaire des Français, au point que l’on pourrait parler d’une sorte de double culture, agissante dès l’enfance, celle associée au Wild West notamment. Une partie de la programmation du Non Lieu investit le Videodrome 2 pour vous présenter une quadrilogie consacrée à un réalisateur emblématique de l’age d’or du Western.
Signant parmi les westerns les plus singuliers du cinéma américain, Budd Boetticher offre une oeuvre qui comporte sa propre mythologie, chaque film renvoyant aux autres.


l’homme de l’arizona (The tall T)

Budd Boetticher, Etats-Unis, 1957, 1h18

Randolph Scott (Ben Brigade), un ancien shérif, se sert du Pat Brennan (Randolph Scott), un brave éleveur solitaire, se rend en ville pour acquérir un taureau. Ayant perdu un pari, il doit se séparer de sa monture et rentrer chez lui dans la diligence conduite par son ami Ed Rintoon (Arthur Hunnicutt), transportant également un couple de jeunes mariés, Willard (John Hubbard) et Doretta (Maureen O’ Sullivan), en route pour leur voyage de noces. A la première station-relais, venant d’abattre froidement les propriétaires des lieux, trois bandits attendent pour la cambrioler la diligence postale. Mais c’est celle conduite par Rintoon qui arrive à sa place. Ne voulant pas être dérangés ni pris à témoin dans le coup qu’ils préparent, le trio de brigands, composé par Frank Usher (Richard Boone), le leader, Chink (Henry Silva), un psychopathe fou de la gâchette et le jeune Billy Jack (Skip Homeier), sont sur le point de faire subir le même sort aux nouveaux arrivants qu’aux tenanciers du lieu. Pour sauver sa vie, Willard leur apprend que sa jeune épouse est une riche héritière et qu’il pourrait facilement leur obtenir une forte rançon auprès de son beau-père. Plutôt que de les abattre, les trois tueurs préfèrent donc prendre tout le monde en otage jusqu’à ce qu’ils récupèrent cette coquette somme. Willard se propose d’amener lui-même la demande de rançon de 50.000 dollars ; il devra néanmoins être accompagné par Billy Jack pendant que les autres attendront leur retour à la planque des tueurs, perchée dans les collines rocailleuses alentours. Même si Pat lui fait part de sa méfiance, Doretta ne veut pas encore croire à la couardise et à la probable trahison de son époux…

 

A peine 8 mois après la sortie du splendide 7 hommes à abattre (Seven men from Now), en ce début d’avril 1957 les amateurs de western allaient avoir la confirmation des sommets que pouvait atteindre la collaboration entre Randolph Scott, Budd Boetticher et Burt Kennedy, sans probablement se douter une seule seconde, au vu de ces deux parfaites réussites, que le meilleur serait encore à venir ! Mais n’anticipons pas en citant d’autres futurs titres puisque de toute manière, comme en ce qui concernait la collaboration entre James Stewart et Anthony Mann, chacun pouvait avoir ses préférence au sein du corpus sans que ça ne choque nullement, tellement l’ensemble atteignait des cimes difficilement égalables. Mon enthousiasme pour cette série de westerns de séries B signée Budd Boetticher est en tout cas bien partie pour être du même acabit : déjà que la plupart de ses westerns Universal m’avaient enchanté (et notamment Le Traître du Texas – Horizons West qui n’a pas grand chose à leur envier), je ne m’attendais cependant pas à une telle parfaite simplicité, à une telle rigueur, à une telle beauté de l’épure, comme si tout coulait de source pour le cinéaste. La réussite artistique et commerciale de 7 hommes à abattre avait donc permis au cinéaste en 1956 de se relancer de la plus belle des manières après son départ d’Universal. Alors que la Batjac de John Wayne avait pris une option pour produire à nouveau The Tall T, c’est finalement l’association Harry Joe Brown / Randolph Scott au sein de la Ranown qui s’en chargea, le film étant distribué par la Columbia. Il en sera de même pour 4 des 5 suivants à l’exception de Westbound qui entrera dans le catalogue de la Warner.

En prenant un peu d’avance, l’homme de l’Arizona s’avérera le film le plus lugubre du cycle Scott/Boetticher, d’une étonnante noirceur pour l’époque, celui qui comptera le plus de tués et qui, peut-être pour cette raison, demeurera inédit en France jusqu’en 1970. Interrogé sur le sens du titre original, Budd Boetticher a toujours affirmé ne pas le savoir car, s’il s’agit du nom du ranch du premier employeur du personnage interprété par Randolph Scott, seules cinq minutes du film s’y déroule et sans que ça n’ait une quelconque importance sur le reste de l’intrigue ; d’après un quidam ayant assisté au tournage, il s’avère que le premier titre choisi avait été ‘The Tall Terror’, ce qui aurait été tout à fait logique au vu de l’insupportable tension morale qu’auront à subir dans le courant du film les deux ‘survivants’. Adapté de ‘The Captives’, une courte nouvelle d’Elmore Leonard (3h10 pour Yuma, Jackie Brown…), l’histoire de The Tall T est un huis-clos en pleine nature entre trois bandits et deux otages, un brave éleveur et une jeune mariée dont l’époux vient de se faire tuer après avoir voulu trahir tout le monde pour sauver sa peau. Contrairement à 7 hommes à abattre (Seven Men from Now), pas question ici de vengeance ou d’héroïsme ; le Pat Brennan de Randolph Scott est un homme simple, vieillissant, éleveur solitaire et sans problèmes qui se retrouve malgré lui embarqué dans cette histoire de prise d’otages. S’il s‘agit du film le plus sombre de la série (Pat Brennan voit se faire abattre ses trois seuls amis avant que le film n’atteigne la première demi-heure !), les vingt premières minutes ne nous l’aura fait guère deviner et nous étions loin de nous attendre à un changement de ton aussi brutal et radical. The Tall T nous propose donc quasiment deux films en un, tous deux aussi géniaux.

Oscar Boetticher, connu sous le nom de Budd Boetticher, est né 29 juillet 1916 à Chicago. Il a d’abord été boxeur de renom, vedette de football américain et matador avant de se consacrer au cinéma. Il débute sa carrière en 1951, en tant que scénariste, en écrivant un script sur un milieu qu’il connaît bien, la tauromachie : La Dame et le toreador. Ensuite il consacre une très grande partie de sa carrière au western, dont l’âge d’or se situe entre la fin des années 40 et le début des années 60.

Pendant cette période il réalise certaines des oeuvres les plus marquantes du genre notamment : Le Traitre du Texas en 1952 avec Robert Ryan, de nombreux films qui marquèrent son étroite collaboration avec l’acteur Randolph Scott et le scénariste et réalisateur Burt Kennedy, Sept hommes à abattre (consacré par beaucoup comme étant certainement l’un des meilleurs westerns jamais tournés) en 1956, La Chevauchee de la vengeance en 1959 (où James Coburn fait ses débuts), Comanche Station en 1960, ainsi que ainsi que Buchanan rides alone avec Craig Stevens en 1958.
Bien qu’en apparence le western semble avoir été son genre de prédilection, le cinéaste ne se pas limite à ce dernier. Alors que les derniers soupirs du western dit « classique » s’annoncent, Boetticher change son arme d’épaule pour s’atteler au genre policier. En 1955, il réalise le polar, Le tueur s’est evade ,et en 1960 le majestueux, La Chute d’un caid, superbe biographie de gangster.
Entre 1960 et 1970, il disparaît quasiment des plateaux de cinéma. Il n’en reste pas moins actif, en réalisant un documentaire sur son ami Carlos Arroza alias le « cyclone mexicain », une figure parmi les plus grands matadors. La biographie du toréador l’occupe pendant près de 7 ans, et sort sur les écrans en 1972.
Il ne retrouve plus ensuite la gloire des années 50, bien qu’en 1970, il soit à la source du scénario du film à succès de Don Siegel, Sierra Torride. En 1971, il clôt sa période westernienne avec un film épitaphe : Qui tire le premier ? où un jeune héros traverse le vieil Ouest mythique en se faisant attaquer par toutes les figures légendaires du genre (le juge Roy Bean, Jesse James…).
Sa toute dernière apparition au cinéma, s’est en tant qu’acteur qu’il l’a fait, il joue en effet le juge Nizetitch aux côtés de Mel Gibson et Kurt Russell dans Tequila sunrise en 1988. Boetticher surnommé, « l’impossible monsieur B.B », était apprécié et reconnu pour ses cadrages, sa direction d’acteurs et son sens, nerveux et efficace, de la narration.



 

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