Death and night and blood

 

20h:

Hardcore

Paul Shrader, Etats-Unis, 1979, 1h49min

Hardcore conte l’histoire du traditionnaliste calviniste Jake VanDorn (Georges C Scott, immense acteur) industriel dont la fille disparaît lors d’un voyage organisé par son église. Mettant tout en oeuvre pour la retrouver il apprend vite par l’intermédiaire d’un détective privé, Mast (Peter Boyle) que celle ci a tourné dans un film porno miteux. VanDorn part alors seul à sa recherche et s’enfonce dans un monde qui lui est totalement étranger : L’industrie du sexe. Le pratiquant va se retrouver en enfer…

Paul Schrader pourrait dire Hardcorec’est moi ! Il est né à Grand Rapids dans le Michigan lieu où se déroule le début du film et a été élevé selon les stricts principes calvinistes. Il ne verra son premier film qu’à l’âge de 18 ans, époque à laquelle il se destine à devenir prêtre, il aura une attaque de panique durant la projection. Ses études de cinéma l’amènent à écrire une thèse qui sera publiée et reste référentielle : “Transcendental Style in Film : Ozu, Bresson, Dreyer, ses mentors Renoir et Rosselini. Il est surtout connu comme scénariste (entre autres : Yakusa de Sydney Pollack, Taxi driver de Martin Scorcese, Obsession de Brian De Palma, Mosquito Coast de Peter Weir) bien qu’il ait réalisé une vingtaine de films dont Mishima, une biographie complexe de l’écrivain japonais et American Gigolo avec Richard Gere (acteur choisi par William Friedkin pour Cruising avant d’être remplacé par Al Pacino).

Paul Schrader est l’auteur d’une oeuvre pessimiste, largement inspiré par la thématique dupéché et de la rédemption.

Bien qu’il ne soit jamais mentionné parmi les classiques de l’époque, Hardcore est l’un des grand films américains des années 70. C’est un chef d’oeuvre obsédant, provocateur et émouvant qui n’a pas fait l’objet d’une réévaluation comme Sorcerer de Friedkin ou Heaven’s Gate de Cimino. Schrader lui même ne se soucie guère de  Hardcore au sujet duquel il n’a que regrets et critiques. Ce film est peut être le produit d’un homme qui ne savait pas ce qu’il faisait.

Paul Schrader dit avoir pensé à La Prisonnière du Désert de John Ford pour écrire le scénario de Hardcore. Cette remarque est intéressante car la fin du film de Ford peut servir à interpréter celle, problématique, du film de Schrader.

Hardcore est un film troublant et conflictuel, l’on ne peut échapper aux deux mondes qu’il dépeint car rien d’autre n’y fait contrepoint, aucun personnage n’est neutre, tous ont des croyances presque comiques ; l’humour y a également sa place lors d’une scène de casting ou lorsqu’un réalisateur sorti de l’UCLA cherche à appliquer les principes de grands maîtres comme Bresson ou Antonioni au tournage d’un porno. L’ambiguïté est la dimension latente de tout ce film qui renvoie dos à dos la pornographie et la religion et pose la question suivante : “Que veut dire aimer ?” . Hardcore donne corps au cauchemar puritain d’une Amérique à deux visages et aux monologues du Robert de Niro de Taxi Driver (le chef opérateur, certains comédiens, et un blouson viennent du film de Scorcese…) : c’est le conflit intérieur de Schrader qui a été éduqué dans un monde aux antipodes de celui où il a fait carrière. Il avoue ne pas être comme les réalisateurs pour lesquels il a écrit. Hardcore est un enchevêtrement de petits et parfaits moments d’observation, il a un aspect documentaire passionnant, lié au souvenirs d’enfance du réalisateur ; une telle mise en place serait impossible aujourd’hui. Le film fait réagir le spectateur en le mettant mal à l’aise et parce que l’engagement intime entre le cinéaste et son sujet est totalement honnête. Star wars et Rencontres du Troisième Type y sont cités car les réflexions visuelles, verbales et thématiques, les parallèles qui s’accumulent tout au long du film, créent un univers cinématographique étonnamment texturé et étagé, aussi vif que ces succès de science fiction. Ou est la force ? Quelle est-elle ? En visionnant le film il devient clair que c’est le héros du film qui est hardcore bien plus que le milieu dans lequel il est plongé. Il fait penser à la phrase de Nietzsche : “Si nous ne faisons pas de la mort de Dieu un grandiose renoncement et une perpétuelle victoire sur nous mêmes, nous aurons à en supporter la perte”.


 

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