Cadre clinique pour plaies sociales | Un cinéma autrichien
Une partie du cinéma autrichien se distingue par quelques caractéristiques communes : un cadrage clinique, un don pour le malaise et une tendance à trifouiller les plaies sociales sans anesthésie.
Une partie du cinéma autrichien se distingue par quelques caractéristiques communes : un cadrage clinique, un don pour le malaise et une tendance à trifouiller les plaies sociales sans anesthésie.
A l’image, le contraste est puissant, entre des environnements froids et géométriques, dans lesquels se déplacent des corps normaux, donc difformes. Ce contraste souligne en sourdine mais avec insistance, la soumission du chaos organique à l’ordre. D’où empathie …
Je me cache la figure derrière mon ombrelle et mon éventail,
pour que l’idée de la mort puisse jardiner paisiblement en moi. Sissi, Impératrice d’Autriche
[…] Le cinéma autrichien serait obsédé par le corps et la mort : il serait l’héritier d’une esthétique de mélancolie et de mascarade qui remonte au baroque, et qui s’incarne dans la phrase terrible de Sissi, l’impératrice Élisabeth : Je me cache la figure derrière mon ombrelle et mon éventail, pour que l’idée de la mort puisse jardiner paisiblement en moi. On peut prolonger cette hypothèse jusqu’au cinéma d’avant garde autrichien.
[…] Le geste consistant à prendre le spectateur de front vient peut-être de cette frontalité là : soumission avérée à l’autorité divine, impériale ou totalitaire, dans un pays ou il n’y a jamais eu de révolution.
À l'occasion du cycle Cadre clinique pour plaies sociales : un cinéma autrichien
Nouveau Souffle de Karl Markovics, Autriche, 2012, 1h33, VOstFR
Festival de Cannes 2011 : Label Europa Cinemas (sélection de la Quinzaine des réalisateurs)
Festival du film de Sarajevo 2011 : Prix du jury & prix du meilleur acteur pour Thomas Schubert
Festival du film de Zurich 2011 : Prix du film germanophone
Festival international du film de São Paulo 2011 : Prix du jury du meilleur film
Prix du film autrichien 2012 : Meilleur film & Meilleur acteur pour Thomas Schubert & Meilleur réalisateur et meilleur scénario pour Karl Markovics & Meilleur montage pour Alarich Lenz