Dimanche 4 janvier 2026 · 19h00
Édito
Etcetera Etcetera est une proposition de programmation critique qui interroge deux questions centrales : Qu’avons-nous à apprendre — ou à désapprendre — du canon cinématographique ? Et de quelles lumières les histoires du cinéma peuvent-elles éclairer la production contemporaine ? Chaque programme, mêlant les premiers temps du cinéma aux œuvres les plus récentes glanées dans les festivals et les lieux alternatifs, explorera un dialogue politique entre les époques. Chaque séance sera accompagnée d’un zine critique, également disponible sur le site de la revue éponyme. Cette extension critique servira aussi de terrain pour un déploiement politique, avec ou contre les œuvres, afin de proposer une programmation à la croisée des artistes contemporains et des relectures des grands classiques. À l’heure où les grandes revues historiques ne semblent plus préoccuper que leurs propres auteurs et leurs actionnaires impérialistes, et où les publics ne se parlent plus — entre les gardiens des vieux classiques et les jeunesses militantes qui s’en éloignent légitimement —, Etcetera Etcetera ambitionne de penser la fracture et la réconciliation en un même mouvement. Sont tout aussi riches en enseignements les films des premiers temps que les œuvres les plus actuelles.
À ce titre, pour ce premier programme, les titres choisis répondent à une inquiétude politique commune (que fait le cinéma devant la menace fasciste ?) ainsi qu’à des gestes filmiques partagés : que du monde, rien ne soit laissé à l’oubli ; que du réel, tout soit filmé comme une prière.
Las Mujeres de Pinochet
de Eduardo Menz | 2004 | 12 min

Las mujeres de Pinochet: le témoignage d’une femme torturée pendant la dictature de Pinochet se greffe à la propagande visuelle du régime. Dans ce film-essai, Eduardo Menz multiplie les écarts entre l’image, le texte et le son, postule le contrepoint comme mode d’accès à la vérité historique et emprunte la voie de la défiguration pour révéler le vrai visage du fascisme.
Stendalí – Suonano ancora
de Cecilia Mangini | 1960 | 11 min

À Martano, dans le sud de l’Italie, Mangini filme un rite mortuaire pratiqué par des femmes pleureuses. La mise en scène, entièrement subordonnée aux gestes répétitifs et hypnotiques de ces femmes, s’accompagne d’un texte signé Pier Paolo Pasolini et lu par Lilla Brignone. Par la construction d’un montage qui résonne avec les expériences extatiques d’Eisenstein, Stendali préserve de l’oubli la force archaïque de la souffrance dans un contexte politique de modernité néofasciste.
L’hôtel hanté
de Segundo de Chomón | 1909 | 3 min

De L’Hôtel électrique à La Table magique, en passant par une multitude de lieux hantés, la métamorphose d’espaces familiers en théâtres chaotiques d’objets animés s’impose comme un motif récurrent du cinéma de Segundo de Chomón. En rupture avec l’imaginaire exotisant de l’Espagne des frères Lumière, ses fantasmagories tracent les contours d’un pays où le progrès et la quête effrénée de confort dissimulent une anxiété profonde : celle de voir, au cœur même des demeures, la croissance économique se repaître de sang, tandis que les démons s’emparent des meubles de l’hôtel. Une crainte prophétique, dont l’écho résonnera en 1936.
Fuego En Castilla
de José Val del Omar | 1961 | 17 min

Figure indispensable de l’avant-garde espagnole, Val del Omar inquiète dans Fuego en Castilla les traditions espagnoles d’une vieille ville castillane en Semaine Sainte. Statues et autres symboles religieux renoncent à leurs instrumentalisations franquistes, baignent dans l’abstraction, se requalifient au contact d’autres phénomènes et célèbrent une croyance commune : celle du cinéma entendu comme vaste entreprise de transformation sensible du monde.
Notes: Remembered and Found
de Maria Anastassiou | 2023 | 17 min

Chaque parole est interrompue par les cris d’un nouveau-né, les jeux d’enfants qui nous parviennent de la cour, ou par le serrement de gorge face aux souvenirs de Chypre, presque effacés. En revisitant les entretiens que sa mère avait menés avec sa grand-mère dans les années 1990, Maria Anastassiou répète un geste de transmission, l’interroge, et l’inscrit dans un vertige temporel. Le film collecte les liens intergénérationnels, remparts contre l’oubli.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 8€ et valable sur une année civile.
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