Édito

Il n’y a pas de films comiques qui ne soit contestataire,
on ne peut pas faire de film comique qui soit charmant.
(Jacques Tati)

 

En tant que sous genre de la comédie, le burlesque fait rire. Le terme anglais slapstick, associé au genre permet d’en préciser la définition ; héritier de la Commedia Del Arte le terme signifie littéralement coup de bâton. Il renvoie à des gags visuels reposant sur la gestuelle, des performances physiques, une certaine violence, des poursuites. Mais derrière cette première approche évidente, le burlesque fait rire, l’outil nouveau « cinéma » va être pour les artistes qui s’en emparent, le moyen de dénoncer, non ! de saccager, les travers de la société qui les entoure et les contraint. Pesanteur sociale des conventions bourgeoises, productivisme déshumanisant de l’industrie capitaliste en plein essor. Pour tous les pionniers, issus de la scène (Max Linder, Max Sennett, puis, Charlie Chaplin, Harold Lloyd ou Buster Keaton) le cinéma sera cet accélérateur magnifique de dérision et de destruction par le rire. Jean Epstein (le bon Epstein) dans Le cinéma du diable écrit en 1947 « Puisque s’avérait photogénique ce qui bouge, ce qui mue, ce qui vient pour remplacer ce qui est figé, la photogénie, en qualité de règle fondamentale, vouait d’office le nouvel art au service des forces de transgression et de révolte ». Ah ! Le coup de pied au cul comme arme de destruction massive, et le chaos pour démontrer que l’absurde n’est pas nécessairement du côté des trublions.

Dans un cycle libertaire, égalitaire, fraternitaire quoi de plus naturel, donc, que de rendre dans un premier temps hommage à ces créateurs magnifiques du cinéma muet, pionniers, rois de la subversion par le geste. Les premiers courts métrages portés par Sennett, qui tiennent en deux bobines (Two-reelers) paradis de la tarte à la crème évoluent dans de nouvelles directions avec les apports de Charlot, de Keaton, ou de Harry Langdon. Même goût pour le gag visuel, avec toutefois les approches si différentes d’un Chaplin, humaniste et politique, qui croit que le héros ou la victime pourra changer le monde, d’un Keaton, ce « n’importe qui » qui ne cherche qu’à exister dans une foule qui l’ignore ou l’agresse, résistance de l’individu par une gestuelle magnifique à la masse qui veut l’engloutir. Faisons un petit détour étrange mais salutaire vers l’Union soviétique de 1926 où Alexandre Dovjenko réalise un court métrage burlesque cynique qui démontre que le genre n’était pas réservé aux studios américains (ouf !). Beaucoup de burlesques ne résisteront pas à l’apparition du son, incompatible pour certains avec les délires d’improvisation permis par le muet. Laurel et Hardy réussiront cette transition. Totalement issus de la tradition du burlesque (Le gros et le maigre, le raisonnable et le maladroit) et adepte du slowburn (gags fondés sur l’accumulation de catastrophes), ils utilisent davantage le bruitage et les effets sonores avant d’utiliser le dialogue. Le basculement se fera en passant du burlesque à la comédie loufoque où l’absurde et le nonsense prennent toute leur place. Les Marx Brothers jouant sur les deux tableaux, burlesque du geste (Harpo) et du mot (Groucho) sont les maitres du chaos, et du défi libertaire face aux conventions sociales. Ce bref tour d’horizon du burlesque et de la comédie loufoque nous paraitrait incomplet sans l’hommage à Jean Renoir et sa comédie sociale au vitriol Boudu sauvé des eaux (1936), scandale à sa sortie et désormais classique inaltérable, ce qui finalement est tout à fait risible Et tant qu’il y aura des gens pour taper sur des casseroles pour couvrir les discours institutionnels, nous aurons « dérision d’espérer ».

Phil G

Toutes les séances du cycle 

 

Libertaire Égalitaire Fraternitaire | Programme de films courts
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Dans cadre d'une carte blanche à Phil G

Programme de films courts 

Durée totale : 1h48

[sous réserve]

Libertaire Égalitaire Fraternitaire | Marx Brothers
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Dans cadre d'une carte blanche à Phil G

La soupe au canard de Leo McCarey | 1933 | États-Unis | 1h08 | [sous réserve]

CABARET | Gaston Couté, la chanson d'un gâs qu'a mal tourné
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Dans cadre d'une carte blanche à Phil G

Gaston Couté, la chanson d'un gâs qu'a mal tourné

Avec Phil G, récitant & Étienne Brochier, accordéon diatonique

Durée du spectacle : 45 min

Prix libre

Libertaire Égalitaire Fraternitaire | Boudu sauvé des eaux
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Dans cadre d'une carte blanche à Phil G

Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir | 1932 | France | 1h25

du au
Les cycles cinéma
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