Claire Denis : Chairs | Corps solides, corps liquides, corps gazeux

Le cinéma de Claire Denis est traversé par des corps phénomènes qui apparaissent sous la forme de présences quotidiennes, évidentes, pleines de sens.

Les personnages qui en émergent sont des figures irrésolues qu’il nous faut accueillir telles qu’elles se montrent. Ce sont ces corps aux états mouvants, tantôt solides, tantôt liquides, tantôt gazeux, saisis grâce à trois cycles thématiques. Une occasion d’explorer les circulations des désirs, des violences, au sein du corps familial et à travers de multiples frontières, dans les films de la cinéaste.

Les lois qui régissent les élans sexuels des corps sont filmés au plus prêt des visages, des gestes, de l’environnement qui confinent les comportements. Le premier ensemble de films fera état d’un travail qui lie l’amour à la mort, la chair piquée de toute son ambivalence. US Go Home et Nénette et Boni figurent les prémices du désir, les jeunes personnages s’approchent de l’épiderme, en cherchent les failles pour s’y immiscer jusqu’à entrer brusquement dans une réalité plus rude que celle à laquelle ils s’attendaient. Au plus près de la peau jusqu’à en transpercer la surface, S’en fout la mort dessine la violence des rapports virils, le désir de mort et la métamorphose des corps en coqs de combat. Dans Trouble Every Day, le désir se montre avec les dents et se meut en autopsie sanglante, exposant des corps sur le fil du rasoir, entre petite et grande mort.