Édito

 

La poésie n’est pas un luxe. C’est une nécessité vitale.
Audre Lorde

 

Cette phrase d’Audre Lorde a guidé la fabrication de la 36ème édition du Festival Les Instants Vidéo. Car en effet « Elle génère la qualité de la lumière qui éclaire nos espoirs ainsi que nos rêves de survie et de changement, espoirs et rêves d’abord mis en mots, puis en idées, et enfin transformés en actions plus tangibles. La poésie est le chemin qui nous aide à formuler ce qui est sans nom, le rendant ainsi envisageable. Les horizons les plus lointains de nos espoirs et de nos peurs sont pavés de nos poèmes, taillés dans le roc des expériences de nos vies quotidiennes. À mesure que nous apprenons à les connaître et à les accepter, nos émotions ainsi explorées deviennent des terres sacrées et fertiles pour les idées les plus radicales et les plus audacieuses. »

Dans le contexte actuel (baisse des financements pour la création artistique et la culture en général, rétrécissement des espaces de liberté d’expression et montée des totalitarismes, communs d’humanité sous le joug de la globalisation) il y a nécessité d’écouter le tonnerre, d’explorer les inattendus et de créer des porosités entre les univers.

Pour les 60 ans de la naissance de l’art vidéo, nous vous donnerons à voir un panorama de la création artistique internationale, poélitique, parfois brûlante, organique, généreuse, grave ou joyeuse : 167 œuvres en provenance de 45 pays. La poésie est un outil des plus efficaces pour se connecter à ses émotions (joie, peur et colère), les reconnaitre et ainsi avoir de la clarté sur ce qui nous entoure puis mettre des mots, sur les peurs comme sur les espoirs. Le festival sera jalonné de temps de rencontres, de discussions, de convivialité offrant un écrin de bienveillance pour accueillir nos échanges de mots et pensées.

Nos échappées belles font fi des frontières et elles nous transporterons à Milan, en Jordanie, en Palestine. Le festival sillonnera aussi notre territoire d’ancrage (École Supérieure d’art d’Aix en Provence, Mairie du 1/7, Bibliothèque de l’Alcazar, Archives Départementales, Videodrome 2).

D’autres « fraternités imprévisibles et transversales » autour des arts vidéo seront à vivre lors de l’ouverture du festival à la Friche, avec la programmation concoctée par les programm’acteur·rice.s (des habitant·e·s de Marseille), ou dans les galeries populaires éphémères, 3 expositions au coeur de structures sociales.

À la Friche aussi, cette année, le/la spectateur.rice suivra un parcours un peu sinueux, pas seulement en raison des cloisons qui habillent l’espace de 650m2. Nous souhaitons l’inviter à s’éloigner de la ligne droite, à opter pour les déviations et à s’autoriser à se perdre dans le regard doux-amer des propositions des artistes. Vivons l’insurrection contre l’étant donnée….le déploiement de nos imaginaires… la réinvention de nos langages…nos rêves de survie.

Cette « nécessité vitale » a aussi fournit un angle de réflexion qui nous a donné envie de convier d’autres festivals à une conversation autour du rôle des festivals. En effet, n’étant ni des marchés de création en tournée ni des institutions muséales, les festivals sont pour nous des lieux d’audace artistique et poétique, de collaboration, de rencontres et d’échanges, de rendez-vous d’où l’on sait que l’on reviendra changé·e, enrichi·e, d’expériences à la fois collectives et intimes. Ce sont des lieux d’hospitalité en actes, des ouvertures au monde, « des parenthèses enchantées, des mondes d’utilité sociale, des petites républiques éphémères » comme le dit Emmanuel Négrier.

Et pour se sentir plus fort·e·s, nos amitiés videopoétiques nous ont conduit à proposer 3 cartes blanches à 3 festivals d’art vidéo : le Cairo Video Festival (Egypte), Limited Access Festival (Iran) et Vidéoformes (Clermont-Ferrand).

La poésie permet d’échapper aux injonctions extérieures et de reconquérir sa liberté nous dit Audre Lorde. Tout comme la chanson populaire. Qu’est-ce qui se déplie lorsqu’on accole populaire à art vidéo ? Venez donc écoutez – voir nos propositions, toutes introduites par une chanson populaire. Vous êtes les bienvenu·e·s.


Installation vidéo au Videodrome 2

12 octobre > 29 octobre

 

Dust

Filip Markovinović | 2022 | Serbie | 10 min

Un court film expérimental créé en combinant des archives personnelles et du found-footage. Dust nous emmène à travers des espaces oniriques de la mémoire et des moments oubliés de l’enfance.


Toutes les séances du festival

 

 

36e Festival Les Instants Vidéo | Parlez-moi de lui, il nous parle de toi
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Programme de courts métrages

Durée de la séance : 45 min

36e Festival Les Instants Vidéo | Je vois ce que vous ne voyez pas
Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille

Programme de courts métrages

Durée de la séance : 45 min

Les cycles cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte