☼ DRAMA QUEENZ ☼ | Over-the-top is a teenager

Ce que l’on pourrait retenir du sentiment adolescent, serait que rien n’est sérieux, mais tout est très dramatique.

Dans cette sélection de films, la drama queen est à l’honneur car « jamais aventure ne fut plus douloureuse que celle de Juliette et de son Roméo. » nous a dit Shakespeare. La Drama Queen hérite donc de ce destin tragique, où les choix définitifs prennent la place du bon sens et de la raison.
Mais sans drama, pas d’histoire.
Qu’à cela ne tienne, les teens movies l’ont bien compris. Si une prof d’anglais annonce d’un air grave « There was nothing fun and fancy free for Shakespeare’s tragic character», c’est tout le contraire auquel on assiste ici, où la brutalité est synonyme de ludique pour notre plus grand plaisir.

Chaque lycée états-unien a sa Prom Queen, tout comme nos films. La littérale, la fille populaire. Celle que l’on surnomme la Reine des Abeilles, qui veille au grain sur
sa ruche et où son charisme n’est égal qu’à sa cruauté.
« You are the shadow, we are the sun » annonce Courtney Alice Shayne dans Jawbreaker. Elle est celle qui fait et défait les icônes, et en un claquement de doigt, assoit sa domination jusqu’à transformer les personnalités, pour régner en tyran sur son royaume. Elle incarne la femme manipulatrice, narcissique et hypocrite, à la féminité excessive et à la sexualité affirmée.
C’est que les teens movies n’échappent pas à « the oppressive patriarchal values that dictate our education ».
Face aux Courtney, se dressent des Kat Stratford, construites en opposition à cette féminité agressive et superficielle. En tant qu’anti-Prom Queen, elles n’en sont pas moins aussi radicale dans leur rejet et elles participent au plaisir jouissif des teens movies, où la Reine tyrannique se doit d’être renversée, de préférence de manière humiliante.

Si ces films participent au discours misogyne, où les relations entre adolescentes ne sont que rivalités et coup bas, on ne peut que constater que les intrigues mises en scène permettent une élaboration plus complexe des interactions sociales. Qui veut jouer à un jeu de trahison, ne peut que se montrer fine et subtile. Et ainsi la créativité du sadisme dont sont capables le jeunes filles dans ces films, leur confère une aura puissante, dont la radicalité s’approche du subversif.

Finalement, lorsque nous voyons Nancy Downs dans The Craft arpenter les couloirs de son lycée, de face, au ralenti et encadrée de ses partenaires, on touche au but. Elle ne rentre pas dans le visuel classique, aux vêtements colorés et maquillage lumineux, et se montre plus proche des freaks que des popular. Pourtant la mise en scène la pare des atouts scéniques de la Prom-Queen, elle affirme ce que sont toutes nos héroïnes : des Drama Queenz, au pluriel, avec un z, car hors des clous, et multiples. Qui parce qu’elles en font trop, sont craintes.

« I made you, and I’m God,
that’s all you need to know »
Courtney Alice Shayne

 

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