Édito
En cinéma d’animation figuratif, le travail de la mise en articulation du mouvement se fragmente en différentes étapes. Il y a ce que l’on appelle les “poses clés”; ce sont les poses spécifiques de chaque action. Entre chaque pose clé il y a un vide, rempli par ce que l’on appelle une intervalle. C’est l’ensemble de ces intervalles qui permet le mouvement d’opérer sous nos yeux.
Intervalles au Videodrome 2, c’est un nouveau rendez-vous trimestriel dédié à explorer les films d’animation sous des formes diverses. Tous les trois mois, seront proposés 2 films sur 2 jours mettant en avant des œuvres réalisées par des techniques spécifiques.
Lors du premier rendez-vous d’Intervalles en octobre, nous avons choisi de (re)visiter des œuvres virtuoses de l’animation japonaise, suites haletantes* de planches en 2D, dont les images semblaient sortir de l’écran pour nous atteindre. Animation (anima, animam) ; étymologiquement, le souffle, mais aussi l’âme. Ce qui, par le mouvement, donne vie. Comment, mieux que par cette définition, en venir à la technique du stop motion, ou en français de « l’animation en volume » ?
À l’heure où la création numérique s’insère dans tous les interstices de la création animée (de l’animation 3D servant de liant à deux séquences dessinées à la main, jusqu’aux œuvres intégralement réalisées numériquement), les films d’animation en stop motion font presque figure d’anomalie du genre, de par l’aspect inévitablement laborieux de leur production.
Certains noms reconnus du cinéma américain contribuent néanmoins à populariser ce médium « de niche » : Tim Burton bien sûr, producteur de L’étrange Noël de Mr Jack réalisé par Henry Selick et co-réalisateur des Noces Funèbres pour le Studio Laïka (studio au sein duquel Henry Selick réalisera plus tard Coraline), mais également les longs-métrages de Wes Anderson (L’île aux chiens et Fantastic Mr Fox) par exemple, ou plus récemment le Pinocchio revisité par Guillermo del Toro pour la firme Disney.
Les longs-métrages d’animation en volume constituent, en quelques sortes, une figure de résistance, une lutte de la création artisanale et « faite main » face à des recettes automatisées et virtualisées. C’est d’autant plus vrai concernant les films proposés pour ce 2 ème rendez-vous. Madgod de Phil Tippett, aussi bien que Junkhead de Takahide Hori, sont deux versions culturellement antagoniques d’un même mythe ; celui du créateur travaillant seul sur sa vision propre, dans son garage pendant presque une vie.
Et si ces longs-métrages ont effectivement pris des années de travail, loin s’en faut de devoir le résultat final à un seul homme : car c’est bien à des équipes de travail, déterminées à insuffler l’âme dans des décors de pâte à modeler, que l’on doit ces deux œuvres, dont l’une dispute à l’autre le titre de « déambulation la plus barrée ».
Les séances du cycle