Knockdown est une fable qui s’épuise, une fuite dans un poème

 Knockdown
de Mickaël Soyez – 2016, France, 42 min, VOstFR
Séance en présence du réalisateur.

Une femme est sous une glycine, un après-midi de printemps, elle attend un homme qui ne viendra plus. Un homme boxe seul, farouchement. Un autre, mutique, porte un lourd fagot et allume un feu dans la brume. Un chef d’orchestre orchestre le silence et le vide. Des paysages s’éteignent et une cantatrice dans le calme d’un appartement interprète un fragment de la passion selon St Matthieu de Johann Sebastian Bach. Un arbre tombe. Le soleil envahit parfois l’espace. Une course dans les fougères, le souffle halète, l’image vacille. Un jeune homme nu déambule dans les bois : il est la proie d’une bête, On ne sait si cette marche est une fuite ou une chasse de la bête qui demeure invisible. L’image du jeune homme apparaît et disparaît. Menaçant ou égaré, titubant ou courant, il traverse les saisons. La fable est relayée par différents personnages et une voix étrangère, les récits se contredisent, prenant tour à tour des accents d’oraisons funèbres, de témoignages placides, de descriptions opaques. Il y à là une enfant au milieu d’un champ d’été, deux adolescents, une femme sous un arbre. Cette histoire devient un ostinato. La mort y est sans cesse crainte, déjouée, moquée, rejouée, perdue, mimée. Une fuite incessante, un perpétuel départ,

« La caméra de Knockdown traque un jeune homme nu dans sa fuite répétitive en plein bois (l’espace parcouru semble cyclique). Le film relève d’une construction polyphonique sur le modèle de l’ostinato en musique (répétition d’éléments thématiques et visuels durant tout le film). Il a recours à diverses langues et langages (l’anglais, le français, le chant, le récitatif, le descriptif) pour proposer des clés qui, au final, se dérobent, et ce sont toutes ces (fausses ?) pistes qui forment le corps de l’œuvre, sa densité poétique. Les prestations des divers intervenants : une voix off en anglais qui s’adresse directement au jeune fuyard (« je n’ai pas pu garder une image de toi ») deux adolescents qui précisent « qu’il n’y a pas d’histoire », une cantatrice qui chante, un chef d’orchestre qui orchestre le silence et lorgne vers John Cage, et d’autres personnages qui s’évertuent à « perdre le sen » plutôt qu’à le concrétiser créent un véritable envoûtement visuel et sensitif. Les éléments graphoiques qui rappellent le cinéma expérimental sont son nombreux. La caméra très mobile se rapproche des fougères luxuriantes et les touille en une symphonie abstraite à la Brakhage. Le film pivote autour d’un « effet Godot » consubstantiel à un monde en perte de repères.

Le film de Mickaël Soyez est entièrement fondé sur le rythme et la répétition, il relève de l’abstraction narrative, car les personnages ou les décors seuls n’en déterminent pas le sens comme dans un film structure expérimental par exemple. La fuite, la peur, la multiplicité des langages scellent une certaine forme d’incommunicabilité entre les individus (si ce devait être une fiction) ou entre les diverses facettes du fuyard (si lit le film comme une projection de doubles du personnage central, sans projet narratif). »
Raphaël Bassan, critique de cinéma, spécialiste du cinéma expérimental

 


 

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