Troisième volet de la carte blanche faite à Aurélien Lemonnier, Phantagma III, la peau qui bouge, se propose de travailler sur la polysémie du mot phantagma à la fois étymon du mot fantôme et du mot fantasme.
La richesse de la proposition d’Aurélien Lemonnier, comme à son habitude, réside dans son éclectisme. Son travail conceptuel s’appuiera tant sur des grands classiques du cinéma, que sur des raretés et sera présenté sous la forme d’une performance mise en images qui introduira et clôturera la semaine de programmation.
Au programme : Tod Browning, Yukio Mishima, Harmony Korine, Luchino Visconti, Martin Rosen, David Cronenberg.


20h30

 

The Unknown

Tod Browning, 1927, USA, 65min

Tod Browning est un génie ! Avec une histoire surchargée en symboles grossiers, il fabrique un mélo noir et poignant : dans le cirque Zanzi, Alonzo, l’homme sans bras, est fou amoureux de Nanon. Mais Malabar, l’homme aux bras musclés, fait des avances à la douce jeune femme qui a une profonde aversion pour les bras des hommes et « leurs sales pattes » qu’ils posent sur son corps. Evidemment, Alonzo est son confident : avec son handicap, pas de danger, elle peut même l’enlacer et se frotter à lui sans risque.

Tod Browning est un génie, mais aussi et surtout un grand sadique : Alonzo est en fait un meurtrier (du père de Nanon entre autres) qui cache ses bras sous un corset serré. Et, comme chez Browning rien n’est blanc ou noir, pendant que l’un se fait amputer des deux bras pour épouser sa dulcinée, celle-ci soigne sa phobie…dans les bras de Malabar !

Cinq ans avant Freaks, L’Inconnu brasse déjà les thèmes fétiches de son auteur, tous centrés autour de la frustration sexuelle. L’animalité des hommes est ici exacerbée par la femme-enfant intouchable. Lon Chaney lance des regards de bête traquée, Joan Crawford, des oeillades effarouchées. Les mains, difformes ou sensuelles, tuent, se cachent ou se retiennent. Les pieds – féroces et grossiers – prennent alors le relais : ils se battent, essuient une larme ou tuent à leur tour, car dans ce cinéma de la cruauté, l’amoureux éconduit est toujours un monstre.

 

Rite of Love and Death

Yukio Mishima,1966, Japon, 29min

Yûkoku de Mishima est un film à l’histoire mouvementée – il fut longtemps disparu -, dont la survie ne tient à rien : alors qu’on croyait toutes les copies détruites, l’une d’elle fut miraculeusement retrouvée en 2005, rangée dans une boîte à thé dans l’une des anciennes propriétés de l’écrivain.
Mishima joue ici sur l’ambigüité du propos. Difficile de ne pas voir la fascination que provoque sur lui le Japon ancestral et ses codes d’honneur. Difficile aussi d’occulter l’écho que trouve le film dans la réalité, Mishima se suicidant par éventrement quatre ans après le tournage de Yûkoku, reproduisant le hara-kiri du lieutenant Takeyama. Pourtant, dans le documentaire complétant le DVD, Mishima affirme sa volonté de créer une œuvre exclusivement artistique, en rejetant la dimension politique. Et il est vrai que, au-delà de son histoire, Yûkoku reste avant tout une expérience visuelle émouvante, un poème éprouvant que Mishima déroule lentement. L’inspiration revendiquée du théâtre Nô, notamment dans la gestuelle stylisée des personnages, définit clairement l’objectif majeur du film : toucher au sublime et à la pureté. Au-delà de son découpage en actes, l’expérience est un véritable prolongement du théâtre jusque dans sa mise en scène : la caméra adopte quasi-systématiquement le point de vue d’un spectateur fictif, et les rares éléments de décor permettent de créer un imaginaire plus large sans le donner complètement à voir.
L’épure est donc ici quasi-totale, le cadre réduit à sa plus simple expression. Et le résultat est immédiat, permettant d’obtenir du spectateur une attention quasi-exclusive pour les personnages. C’est cette importance donnée à chaque geste qui provoque le choc, renvoyant dos à dos les deux moitiés du film : la beauté de l’acte amoureux magnifié par la caméra et la violence du suicide.
A ce titre, la séquence de l’éventrement du lieutenant Takeyama, par sa crudité, provoque un sentiment étrange de répulsion mêlée de fascination, et contient à elle seule toute la beauté de cette œuvre étrange. Car c’est bien là tout le talent de Mishima que de donner à voir le suicide dans sa vérité la plus nue, et d’insister sur le pouvoir esthétique de l’horreur.


 

Phantagma III, la Peau qui Bouge – Carte Blanche à Aurélien Lemonnier

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