Sur les traces de Que Viva mexico! de Sergueï Eisenstein, nous poursuivons notre voyage en terres mexicaines avec trois films de Raymonde Carasco. Nous remercions Régis Hébraud et la cinémathèque de Toulouse qui nous ont permis de partager avec vous ces bijoux cinématographiques.


« Lorsque l’on découvre l’œuvre de Raymonde Carasco, l’une des entreprises de cinéma les plus exemplaires de ce siècle, soudain il semble que le cinéma accomplisse les idéaux du Romantisme allemand : «Si tu veux entrer dans les profondeurs de la physique, fais-toi initier aux mystères de la poésie» (Schlegel). Comment le cinéma accède-t-il à la vérité poétique des phénomènes, comment la description sensuelle des apparences et des particularités peut-elle se convertir en un tel «chant magnétique» ? Cela tient d’abord aux origines de l’enquête : Raymonde Carasco n’est pas partie au Mexique pour violer et piller l’imaginaire Tarahumara, elle est partie sur les traces d’Antonin Artaud, vérifier empiriquement les rencontres d’un texte sacré de la modernité avec le réel. De sorte que sa recherche ne consiste pas en une investigation classique (élucider, dévoiler et divulguer) mais en une alliance sensible : jouir du privilège d’être là, accepter de ne pas tout voir, accepter de relever lentement quelques traces, de prélever quelques mouvements, quelques signes à la beauté amicale avant de prétendre à le compréhension des choses, partager non pas le secret mais le culte du secret, du mystère et de la transe. Or, avant même de trouver son terrain sur les plateaux du Mexique, l’élégance formelle qui structure le style de Raymonde Carasco dès Gradiva Esquisse I relevait des schèmes plastiques propres au rite : fragmentation, monumentalité, fétichisation, sérialité. Mais le cinéma ici ne monumentalise pas autre chose que le réel même, au sein duquel Raymonde Carasco a élu un motif privilégié, le geste. Elle montre que chaque geste humain, à commencer, comme chez Muybridge et Marey, par la marche et la course, résulte moins des caractéristiques singulières du corps individuel concret que d’un rapport global de l’homme au monde — tout geste est une mythographie, et ce que Raymonde Carasco décrit des Tarahumaras comme Jean Rouch des Dogons nous indique comment nous aussi nous sommes des marionnettes turbulentes, mais tirées par des fils moins magiques. »
Nicole Brenez , Texte de présentation de la rétrospective des films Tarahumaras de Raymonde Carasco à la Cinémathèque Française de Paris, Salle des Grands Boulevards, du 17 septembre au 29 octobre 1999.
Au fil de 25 années et de 15 voyages dans les terres des Tarahumaras, Raymonde Carasco a construit une œuvre fleuve, qui nous touche intrinsèquement. Il est difficile de faire un choix dans cette filmographie car chaque film fait partie d’un tout. Néanmoins, nous avons opté pour 3 films qui nous semblaient faire écho au cinéma de Val del Omar.

Dès 1976, Raymonde Carasco part pour le Mexique, après avoir défendu une thèse en forme d’essai sur la théorie de Sergueï Eisenstein (et notamment sa réflexion autour du montage en cinéma). Comme l’énonce la voix de Régis Hébraud dans Divisadero 77 – Gradiva Western, c’est une « recherche de l’écriture hiéroglyphe, une écriture de signes originels, lisibles par tous. Atopie du cinéma comme écriture d’un monde à venir, or, différence des langues, sans fracture originelle. C’est dans cet esprit que nous partîmes. Et le miracle est que la terre mexicaine non seulement répond à cette attente, mais en réalise l’attente. »
Entre danses rituelles, rites ancestraux et influence chrétienne, les paysages et les motifs de cette terre mexicaine rappellent par endroits le Triptyque élémentaire d’Espagne de Val del Omar.

Tutuguri-Tarahumaras 79

de Raymonde Carasco – 1980, France, 25 min

« Ce film a été tourné l’été 1979. Il répète le rite du Tutuguri que Tranquilino, le saweame a chanté et dansé six fois, dans un temps bref, rigoureusement précis (1 minute 45 secondes). Paroles secrètes dont seules émergent les voyelles, la danse construit un espace sacré entre les quatre points cardinaux d’une croix, signe noir et païen. Rite solaire et natif, antérieur à la conquête espagnole.
Le montage, ici, construit d’un seul plan les deux pôles du temps réel et d’un espace-temps dilaté, à partir d’un double matériau : Tutuguri et Carreras (courses d’hommes, dites «de bola», et de femmes, dites «de aro» spécifiques au peuple Tarahumara, que l’étymologie déclare « au pied qui court ». »
(Source : raymonde.carasco.online.fr)

Dans ce film on retrouve la démarche si particulière aux Tarahumaras, Tarahumara qui signifierait « le pied qui court », « ceux qui marchent », un mot qui pour la cinéaste signifiait simplement « les hommes ».

Yumari-Tarahumaras 84

de Raymonde Carasco – 1985, France, 50 min

« Ce film a été tourné au mois d’août 1984, à NOROGACHIC, au cœur de la Sierra Tarahumara (le lieu même où Antonin ARTAUD, en 1936, déclare avoir assisté aux rites du TUTUGURI après avoir traversé « La Montagne des Signes »).

Deux Fêtes Natives ont été données:
– l’une par Agustin, à l’occasion d’une cure des champs de mais, trop jaunes en cette saison des pluies;
– l’autre en faveur de la guérison de la famille de Benito.

Le même Saweame, Carillo, dirigeait les deux TUTUGURI à la fois chanteur et danseur, il commande l’espace et le temps du rite. Par les chants et les allées et venues du saweame, l’espace du patio est devenu sacré. Alors les femmes se mettent à danser le TUTUGURI – elles seules (les hommes se contentent de marcher). Vers la fin du jour, elles exécutent une figure spéciale: « el cruce del patio »; c’est l’archaïque YUMARI. Ces fêtes de la vie quotidienne sont les seuls événements où les femmes dansent (les hommes, eux, sont les danseurs des Fêtes Religieuses, ou Fêtes d’Église). »

(Source : raymonde.carasco.online.fr)

Los Pascoleros-Tarahumaras 85

de Raymonde Carasco – 1996, France, 27 min

« Ce film a été tourné lors des fêtes de Pâques 1985.
Il montre l’envers, les coulisses, des mises en scène de la Passion dans le village de Norogachic, au Mexique (cf. le film Los Pintos, Tarahumaras 82).

Il s’agit ici des peintures corporelles des trois types de danseurs des fêtes pascales : fariseos, pintos, pascoleros. Les rites initiatiques, secrets, des deux Pascoleros, filmés pour la première fois, constituent le centre de ce document.

L’alternance des séquences nocturnes, filmées en noir et blanc, et des peintures et danses diurnes, filmées en couleur, donnent aux textes d’Antonin Artaud leur dimension d’écriture. Le Voyage au Pays des Tarahumaras de 1936 est ré-écrit par le dernier Artaud, en 1947, sous les aspects d’un nouveau Théâtre de la Cruauté et d’un nouveau corps : « Pour vivre, il faut avoir un corps,… », « Le théâtre de la cruauté veut faire danser des paupières couple à couple avec des coudes, des rotules, des fémurs et des orteils, et qu’on le voie ». »

(Source : raymonde.carasco.online.fr)

 


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