Capricci

Carmelo Bene – 1969, Italie, 1h35, VOstFR

Film projeté en 35mm

D’après Arden of Feversham (auteur inconnu), Manon Lescaut de l’Abbé Prévost et La Bohème de Giacomo Puccini
Avec Carmelo Bene, Anne Wiazemsky, Tonino Caputo, Giovanni Davoli, Ornella Ferrari
Festival de Cannes 1969

Le personnage central est une gérontophile qui, fatiguée de son mari, décide de le remplacer par un amant encore plus vieux.
Capricci se construit sur plusieurs strates, et essaie de retracer ce qui, dit à l’oreille, devient inaudible.
Carmelo Bene montre l’agonie d’une société qui semble n’avoir plus rien à proposer et qui se consume dans le luxe et la paresse – morale, mentale et même sexuelle. C’est aussi la première réflexion sur les rapports que les tableaux et l’image entretiennent avec la fiction et la réalité.

 

:: Extrait de la critique de Jean-Luc Lacuve (www.cineclubdecaen.com)

 

Un film après une mise en scène de théâtre

Carmelo Bene publie son adaptation du Manon Lescaut de l’Abbé Prévost en juin 1964 et la met en scène au théâtre Arlequin de Rome le 2 janvier 1965. En mars 1969, Carmelo Bene entreprend Capricci qui a alors pour titre de travail La Bohème. Par rapport à la version scénique, Bene reprend John Davoli (Arden), Franco Gula (Mosbie) et Manlio Nevastri (Franklin), mais remplace Lydia Mancinelli par Ornella Ferrari dans le rôle d’Alice. Comme dans Manon Lescaut, il se réserve à lui-même le rôle de Des Grieux et celui de Manon est confié à Anne Wiazemsky alors à Rome pour la préparation du Vent d’Est de Godard.

Le film est produit avec Jacques Brunet, qui avait acheté pour la distribution en France Notre-Dame des Turcs et son ami Gianni Barcelloni. Il ne bénéficie que d’un faible budget initial, environ 30 millions, et sera en grande partie remboursé par la prime à la qualité de 40 millions d’euros. Il est tourné en trois semaines dans le studio Via Montoro du peintre Tonino Caputo (qui jouait déjà Clarke dans la version théâtral de Bene) et à l’extérieur dans un cimetière de voitures à la jonction de la rocade pour Naples, sur le marché de Campo de Fiori et dans un village de l’ouest de Cinecittà. Masini, le chef-opérateur, est occupé avec un autre film et remplacé par Maurizio Centini, qui avait été son assistant dans certains documentaires. Le film est tourné en 16mm Ektachrome puis gonflé en 35mm Microstampa.

 

Humain, trop humain

Combats à coups de faucille et de marteau, vieillards portants de lourdes malles puis étouffants de bière ou sous l’oreiller de leur femme, gendarme trottinant sans cesse  suant et pleurant, trio improbable d’un aristocrate anglais, d’un transsexuel et de leur bébé homme-tronc  ou bien encore les multiples tentatives de suicide par accidents de voitures provoquées sur des carcasses calcinées dans un terrain vague ; tout vient une nouvelle fois mais avec plus d’acharnement encore que dans Notre Dame, dire la volonté de disparition du corps pour un éclatement, une pulvérisation en fragments, éclats sonores et visuels. Bene appelle à la mort de l’homme vers autre chose de plus grand sorti de ses pulsions et en accord avec le cosmos. Sert de repoussoir à cet idéal prométhéen, le glacis lisse des sauces recouvrant les plats bourgeois visant à masquer la nature triviale des aliments. Sur le plan d’une tourte, Bene fait en effet entendre, off, un extrait de La cuisine ornementale, texte de Roland Barthes publié dans Mythologies sur les recettes du magazine français Elle.

Capricci est présenté en mai au Festival de Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs. Luc Moullet le présente dans Les Cahiers du cinéma « comme l’un des trois grands films de Cannes (avec deux de Oshima) et, en tout cas, le plus audacieux ». Mais la plupart des critiques voient dans la séquence du cimetière de voitures une référence servile à Week-end. Ce n’est bien évidemment pas le cas; Le film de Godard est une satire impitoyable de la petite bourgeoisie bêtement meurtrière alors que les accidents provoqués par le poète sur lui-même et Manon ont pour but de les faire échapper à leur statut trop humain.

 

 

La biographie de Carmelo Bene est consultable dans l’article ci-dessous :
> Des livres de Carmelo Bene et de Jean-Paul Manganaro

 

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