Don Giovanni

Carmelo Bene – 1970, Italie, 1h10, VOstFR

D’après Le plus bel amour de Don Juan de Jules Barbey d’Aurevilly et la vie de Sainte Thérèse de Lisieux
Avec Carmelo Bene, Lydia Mancinelli, Vittorio Bodini, Gea Marotta
Festival de Cannes 1970

Divagation extravagante et baroque sur le thème du séducteur et sur le mythe de Don Juan qui, fatigué des conquêtes faciles, est attiré par une jeune fille prise d’une manie pour la religion.
Dans ce film, qui sue la mort et l’autodestruction, la furie chromatique et rythmique qui ont fait la réputation de Carmelo Bene sont portées au point le plus extrême.

 

 

«  J’en veux aux mâles. Je les déteste. Parce que l’histoire est virile. Malheureusement virile. Je crois que l’érotisme est fait de faiblesses. Alors, si l’art, l’existence, sont un phénomène érotico-esthétique, seules une dame et une demoiselle avec un grand phallus peuvent présenter et non refléter une auto-critique morte d’elles-mêmes. C’est le féminin qui me réclame. Je ne suis pas féministe. Au contraire. Lorsque je vois gérer ce phallus par des féministes sans phallus, l’envie me prend de me souvenir de la quasi-totalité de l’univers et j’essaie de réaffirmer tous les soirs, pendant deux heures, tout ce qui n’est pas l’inverti, mais le différent. » (Carmelo Bene)

« Parmi les superbes météores qui poussèrent le cinéma au-delà des limites où les jeux narratifs traditionnels et les provocations répétitives de l’avant-garde le contenaient depuis belle lurette, Carmelo Bene occupe une place essentielle à côté de Philippe Garrel, Jean-Luc Godard, Jean-Daniel Pollet, Glauber Rocha, Werner Schroeter, Jerzy Skolimowski ou les Straub. Même si sa démarche fut très différente de celle de ces autres précurseurs qui brisaient les miroirs des consciences établies à la même époque, elle s’apparentait toutefois à la leur par le souci de reprendre le cinéma comme un art spécifique avec des images et des sons libérés de l’esclavage du sens où commerçants, crapules et idéologues le tenaient en otage. Mais cette soudaine prise de Liberté ne laissait rien s’en aller à vau l’eau. Les signes s’articulaient avec une rigueur en amont et une exigence immense en aval. Bene affirmait d’ailleurs : « Faire de l’art et faire de la critique, c’est maintenant la même chose. » Le langage cinématographique trouvait ainsi le moyen de (re)partir à zéro. Là était toute la raison de la folie de Carmelo. Réorganiser des panoplies en une alchimie particulière pour leur ôter les oripeaux de la pensée pesante des acquis momifiés.
Écrivain, homme de théâtre, comédien et réalisateur, Bene s’est brièvement investi dans le cinématographe (de 1968 à 1973) et cette trajectoire éphémère fut une suite de brûlots éclatants où le feu et la lave créaient autant d’art authentique qu’ils détruisaient de mauvaises habitudes culturelles et rejetaient les sacerdoces hautains et enrubannés de règles esthétiques à bout de souffle ou d’envahissants filtres idéologiques au nom des révolutions passées ou à venir ; ce que Bene appelait sans rire : « le stalinisme de la beauté »… Chez lui, tout prenait sa source en une autre rive. La représentation se voulait sans alibi ou précaution ludique. Il s’exposait à la surface des images et faisait surtout penser aux fous littéraires du 19ème siècle, sauf que la délicieuse décadence rejoignait chez lui la modernité. Pas si baroque que ça, moins histrion que démiurge, il procédait par décalage et oblitération avec un sens magistral de la rupture ou de l’implosion, détournant l’accessoire pour éviter de lui donner des contours restrictifs. La figure s’affichait comme telle et se refusait à toute identification fermée.
Soucieux d’éviter le reconnaître pour mieux pouvoir donner à connaître, érudit incollable et lecteur vigilant des grands textes d’avant le surréalisme, il imposa des combinaisons impensables pour faire dégorger une beauté convulsive du moindre écho des cultures d’antan. Les points de repère s’effritaient alors au fil des images. Tout y venait du mot d’Oscar Wilde : « L’imagination imite ; c’est l’esprit critique qui crée. » (Noël Simsolo)

 

La biographie de Carmelo Bene est consultable dans l’article ci-dessous :
> Des livres de Carmelo Bene et de Jean-Paul Manganaro

 

« Le cinéma est né mort », « Je n’ai jamais vu un film trouer l’écran, pas même Godard en 68 », « On peut tout au plus dire d’un film qu’il est bien tourné, oui, mais j’ajoute « bien tourné sur lui-même » ». (Carmelo Bene)

 

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